Apacom, CRPL, AzurProCom’, Millef’Oeil, UCC Grand Sud, Com’45, Place de la communication… La France de la communication a un incroyable talent de réseautage. Elle fourmille d’associations et autres syndicats actifs et interconnectés.
N’en déplaise aux grands groupes de communication, « dans notre secteur, tout n’est pas que national, européen ou mondial ! Et c’est tant mieux pour nous. » Étienne Demouy, patron de l’agence JBL Com & Cie, basée à Mons-en-Barœul, est depuis trois ans l’heureux président de Place de la communication. L’association fondée en 1967 (anciennement ARREP) est le principal réseau des professionnels de la communication, du marketing et du digital dans la région Hauts-de-France. Une structure qui n’a pas grand-chose à envier aux instances représentatives nationales, avec près de 500 adhérents, en croissance continue depuis sept ans.
Représenter son territoire
Composée d’agences, bien sûr, mais aussi d’annonceurs (52 %), d’indépendants, d’écoles, d’institutions, et même de personnes sans emploi (une vingtaine d’adhérents), Place de la communication veut représenter l’univers de la communication de son territoire. Objectif : fédérer tous les communicants locaux au service des acteurs des Hauts-de-France. Contre un ticket d’entrée de 250 à 1 500 euros l’année (pour des cotisations entreprises), les membres peuvent participer à pléthore d’activités. Conférences, apéritifs, déj-connexions, formations, soirées, observatoires locaux de la profession, learning expeditions à l’étranger… Au total, plus de 60 événements par an. « On leur offre beaucoup de choix sur le format, les horaires et la durée des événements pour que tous puissent en profiter », détaille Étienne Demouy. Les adhérents peuvent aussi, à l’instar de ce qui se pratique à l’AACC et dans d’autres grands organes représentatifs de la profession, travailler en groupe en s’engageant dans l’une des dix commissions de l’association.
D’autres clubs de communicants hors de Paris se sont même constitués en syndicats comme, depuis six ans, l’Union des conseils en communication (UCC) du Grand Sud, créée en 1976. Elle regroupe 65 agences de Toulouse à Nice et représente la profession, notamment au travers des Medef territoriaux. « Nous sommes le plus gros réseau d’agences hors de Paris et nous tentons de faire le maximum syndical pour défendre la filière au niveau territorial, indique Julien Roset, son président. Nous sommes une sorte d’AACC régionale, qui produit beaucoup de contenus, comme des baromètres semestriels sur l’activité dans nos régions. Pour les annonceurs, nous voulons être un label de qualité distinctif. »
Un fort dynamisme
Et si tous les réseaux de communication en région n’ont pas les mêmes moyens, tous ont le même dynamisme. Dans le Loir-et-Cher, à Blois, l’association Millef’Oeil, qui fête cette année ses dix ans, regroupe une trentaine de communicants de tout poil (webdesigners, graphistes, photographes, chargés de communication, attachés de presse…). Au programme des ateliers, des conférences, des pique-niques, des apéritifs, des afterworks, des visites de sites. « On s’inscrit chez nous avant tout pour ne pas rester isolé et s’informer, souligne Étienne Pouvreau, son président. Nous sommes la seule association de communicants du coin. En plus, ce n’est pas cher (35 euros l’année) et très convivial. On apprend et on se rencontre entre pairs autour de moments festifs. »
Même énergie à Com’45, née en 1993, qui regroupe 80 adhérents (chargés de communication, photographes, imprimeurs, RP…) dans le Loiret. « Sur place, on est à peu près les seuls, aussi sommes-nous incontournables. De toute façon, dans la communication, le réseau, c’est fondamental, un communicant se doit de chercher à l’accroître », explique Vanessa de Broucker, présidente de l’association, également membre de cinq autres associations de communicants. Et elle est bien placée pour en parler : « J’ai débarqué sur ce territoire en recherche d’emploi. C’est à la suite des rencontres effectuées via le réseau Com’45 que j’ai trouvé du travail. »
Ces réseaux sont autant de portes d’entrée pour trouver un job et des collaborations, mais tous se défendent d’être des « club business ». « Chez nous, pas de cartes de visite insistantes ni de démarchages », clament-ils tous, mais des rapprochements et des mises en relation. « Bien sûr qu’il peut y avoir du business entre les membres, mais on ne veut pas d’adhérents qui viennent pour cela », résume Sébastien Spiteri, président d’AzurProCom’, une association de la région niçoise qui regroupe une centaine d’inscrits. Quitte à rappeler à l’ordre certains de leurs adhérents… sans toutefois les exclure.
Des problématiques communes
Quelles relations entretiennent-ils avec les institutions parisiennes type AACC et consorts ? « On les invite souvent et ils viennent rarement », s’amuse Étienne Demouy. Les liens ne sont évidemment pas coupés et nombre de réseaux reprennent quelques bonnes pratiques préconisées notamment par l’AACC. « Certes, il y a des spécificités de territoire, mais les problématiques de communication sont les mêmes », résume Julien Roset. Comme les outils pour asseoir leur notoriété : trophées de la Com Sud-Ouest à l’Apacom, label de qualité à l’UCC Grand Sud, palmes de la Com’ pour AzurProCom’… Chaque réseau imprime sa marque en créant ses événements et grands prix maison.
Si les liens avec Paris ne sont pas très étroits, il y a beaucoup de rencontres interréseaux. Notamment sous la houlette de Place de la communication. Plusieurs fois dans l’année, l’association réunit ses homologues en région comme l’Apacom (Nouvelle-Aquitaine), le Club Com 38 (Isère), le Club de la com (Occitanie), l’UCC Grand Sud ou encore le CPRL pour partager problématiques et conseils.
« La vocation de tous ces réseaux est de faire briller la communication et sa filière sur son territoire et de faire comprendre que dans nos métiers, on est toujours plus fort à plusieurs, conclut Étienne Demouy. On veut montrer que les compétences sont sur le territoire, et si on peut chasser en meute, c’est mieux. » Et le président de Place de la communication d’évoquer le futur projet de son association, soutenu par la filière : Euracommunication, un site d’excellence de 10 000 m2 des métiers de la communication et du marketing en France, qui sortira de terre à Lille en 2025. Rien à envier effectivement à nombre de projets parisiens.