La société de production parisienne Division, fondée en 2010, s'est en peu de temps imposée à l'échelle mondiale avec des clients tels que Nike et dernièrement Mugler. Sa singularité réside dans la conquête de trois marchés : production musicale, mode et publicitaire.
Aussi cosmopolite que le quartier du Marais (Paris) qui l'abrite, la société de production française Division travaille avec des clients du monde entier, au point de s’être implantée en Australie et aux États-Unis, même si la plaque tournante de la partie créative reste à Paris. En témoignent également la flopée de prix internationaux, Clio, D&AD, MTV Movie Awards… qui trônent fièrement dans une vitrine de l’agence. Fondée en 2010 par le binôme Jules de Chateleux et Arno Moria, Division est devenue depuis 2020 un trinôme avec l’arrivée de Gwendoline Victoria, head of fashion films and content. Trois têtes pour gérer le triptyque : 20% de musique (20%), 30% de mode (lifestyle, sport et luxe au sens large) et 50% communication classique, rapportant en 2022 50 millions de chiffre d’affaires. Avec en ligne de mire, le développement du long-métrage.
« La culture initiale de Division est musicale et la production de clips nous a permis d'obtenir une reconnaissance internationale, c’est devenu le point d'attraction des marques et Nike a été le plus le premier gros client de Division, avec la campagne Da Da Ding », confirme Arno Moria. Depuis, Apple, Zara, Rimowa… ont rejoint la danse. Le dernier en date s’appelle Mugler. À l’occasion de la Fashion Week printemps-été 2024, Division a conçu avec ses directeurs artistiques et le réalisateur Torso, de la DA de l’évènement, de la production et de l’ensemble du contenu produit lié au défilé. « Après le covid, Mugler a voulu revenir sur un podium sans faire dans le traditionnel. Le show se voulait plus couture, plus luxe tout en ayant l'air d'une performance. La difficulté a été de tourner le film pendant le défilé, en essayant de garder une approche créative. Le tout en sept minutes », raconte Gwendoline Victoria.
À l’international, les preuves ne sont plus à faire donc. En revanche en France, ce n’est pas la même histoire. Là où les process sont parfois plus longs et plus compartimentés, il faut faire parler de soi pour gagner en notoriété. « Derrière le client et l’agence, il y a la production et c’est généralement l'agence qui prend toute la lumière. Mais depuis trois ans, les annonceurs passent de plus en plus en direct avec les maisons de production dans une logique de co-création ou font directement appel au réalisateur », informe Arno Moria. Autre triptyque soutenu par la société, étendre leur représentation des réalisateurs (au nombre de 40), aux photographes et aux directeurs artistiques. Trois savoir-faire complémentaires qui seront mis en avant sur leur nouveau site, développé par l’agence digitale Period.
Principe de réalité
Mais attractivité rime-t-elle avec conscience écologique ? « Chez Division, nous disposons d’une charte RSE, nous priorisons les shootings en France ou en Europe. Après, il y a la réalité du client. S’il nous demande d’aller shooter à Los Angeles parce que son égérie est là-bas, il faut faire au mieux avec les contraintes données », tranche Gwendoline Victoria. La réalité du terrain c'est aussi que France subit une pénurie de studios. Beaucoup de marques sont présentes à Paris, notamment les maisons de luxe, le marché anglais s’y est également implanté, tout comme les productions audiovisuelles à l'instar de Netflix. « Il y a même des marques qui se demandent si elles ne vont pas construire leur propre studio sur un terrain acheté à une heure de Paris pour les Jeux olympiques », souligne Gwendoline Victoria. Peut-être un nouveau défi pour la société de production ?