Depuis 2015, Moussa Camara et son association Les Déterminés aident les personnes éloignées de l’emploi à monter leur entreprise. Et même aujourd’hui à développer leur employabilité, notamment dans la publicité.
Chevalier de l’ordre du Mérite à 34 ans à peine, on en connaît beaucoup qui rouleraient des mécaniques. Pas le genre de Moussa Camara, décoré il y a deux ans. « La réussite n’est jamais individuelle mais toujours collective, la mienne est avant tout celle des autres », souligne ce natif de Cergy, issu d’une famille malienne modeste de huit enfants. Il accompagne depuis plus de quinze ans des jeunes et des moins jeunes venant de zones à fort taux de chômage.
Son association Les Déterminés, lancée en 2015, propose à ceux qui veulent monter et développer leur entreprise de bénéficier gratuitement d’une formation de six mois sur l’entrepreneuriat, sans condition d’âge ni de diplôme. « Le seul critère est d’être motivé », résume Moussa Camara. Ensuite, l’association s’occupe de tout. Et ça marche plutôt bien. Depuis 2015, plus de 10 000 personnes dans les quartiers difficiles et les campagnes ont été sensibilisées à l’entrepreneuriat. Mieux, 600 personnes, dont 60 % de femmes, ont été accompagnées pour quasiment autant d’entreprises créées. 80 % d’entre elles sont toujours là après trois ans d’existence.
L’entrepreneuriat, Moussa Camara s’y frotte dès ses 21 ans. Un bac pro en logistique en poche, il monte « sans rien y connaître » une société de sous-traitance d’opérateurs télécoms. En parallèle, il crée avec des amis Agir pour réussir, une association menant des actions citoyennes à Cergy. Il y acquiert une certaine confiance au contact de ses différents interlocuteurs (mairies, écoles, entreprises…).
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En 2011, il convainc un entrepreneur américain, responsable des jeunes démocrates sous Obama, Thione Niang, de donner une conférence à l’université de Cergy. Celui-ci l’invite à venir deux mois à Washington suivre un programme de mentorat pour les jeunes leaders potentiels. « Je ne parlais pas anglais mais j’ai vite appris, raconte Moussa Camara. Le langage du cœur est universel. » Là-bas, il rencontre des entrepreneurs, des philanthropes et des politiques menant des actions de solidarité auprès de populations en difficulté. Un déclic.
De retour en France, il en est persuadé, l’entrepreneuriat peut être une clé pour aider les quartiers populaires. Pierre Gattaz, alors patron du Medef, lui met le pied à l’étrier en lui présentant des entreprises qui deviendront les premières partenaires de son association. Celle-ci est aujourd’hui implantée dans 17 villes, avec plus de 300 personnes réparties en promotions de 15 à 20 entrepreneurs en herbe en 2022.
Moussa et son équipe de douze personnes aident aussi dorénavant les jeunes à développer leur employabilité. « J’y crois vraiment », explique le déterminé en chef. Notamment dans la pub. Les Déterminés se sont associés à l’AACC et à l’Afdas pour lancer l’année dernière le programme IIN – Impossible is Nothing –, une formation qu’ont suivie 17 jeunes issus de quartiers prioritaires franciliens, placés chacun dans l’une des agences partenaires pour apprendre les codes des métiers de la publicité (conception-rédaction, direction artistique, motion design…). La moitié ont été embauchés. Moussa ne s’arrêtera pas en si bon chemin.
Parcours
1986. Naissance.
2007. Crée sa première entreprise.
2012. Voyage aux États-Unis.
2015. Débuts de l’association Les Déterminés.
2021. Lancement du programme IIN avec l’AACC et l’Afdas pour former 17 jeunes franciliens aux métiers de la création en agence de publicité.
