Le rebond était attendu, après un exercice 2020 compliqué pour le marché et, à un degré un peu moindre, pour Publicis (-8% de croissance organique au premier semestre). Mais pas dans de telles proportions. Alors que les analystes tablaient sur +12,9% au deuxième trimestre 2021, le groupe français affiche une croissance organique de +17,1%. Soit, au premier semestre, +9,7% pour un revenu net de 4,93 milliards d’euros. «Eu égard à l’année 2020 connue par l’industrie, il importe de comparer les résultats par rapport à 2019. À cet égard, le groupe est en croissance de +2% et continue de surperformer vis-à-vis de ses concurrents», avance d’emblée Arthur Sadoun, président du directoire de Publicis.
À cette performance notable, s’ajoute une liste d’indicateurs clés forcément dans le vert -effet de base oblige- mais dont la croissance ne saurait être uniquement liée à la reprise. À commencer par le taux de marge opérationnelle qui s’établit à 16,5%. «Un record», relève Arthur Sadoun, pour qui ces résultats s’expliquent par «la conjonction de plusieurs facteurs». D’une part, «la reprise forte de l’économie». D’autre part, «la pertinence de notre modèle qui commence à tourner à plein», schématise le dirigeant, qui en veut pour preuve l’accélération des activités au deuxième trimestre, incarnée par le succès d’Epsilon et Sapient aux États-Unis.
La France, meilleur élève européen
Car le marché américain, qui pèse près de 60% du chiffre d’affaires du groupe, tire une nouvelle fois la croissance de Publicis. «Cette surperformance provient en grande partie des États-Unis où nos activités enregistrent une croissance organique de +15,2% ce trimestre, avec des progressions d’Epsilon, de PMX et de Sapient toutes supérieures à +25%», se félicite le président du directoire, qui estime que le groupe touche là les fruits de la lourde et coûteuse mue mise en œuvre ces dernières années. «Il s’agit de la région géographique où notre modèle est le plus avancé», ajoute-t-il.
Autre zone géographique très regardée, l’Asie, où le groupe enregistre, dans le sillage de l’Inde (+35,4% au deuxième trimestre), des performances nettement supérieures à celles de l’an passé mais aussi et surtout à 2019 (+7% au deuxième trimestre). En Europe, la France fait une nouvelle fois figure de premier de la classe en étant le seul pays à refaire plus que la valeur perdue. «L’Europe, pour sa part, rebondit à +23% au deuxième trimestre, reflétant la levée progressive des confinements. La France est en croissance organique de +30,6% et retrouve ainsi un niveau d’activité supérieur à 2019», pointe avantageusement le dirigeant. Principale ombre au tableau sur le Vieux Continent, la situation «plus contrastée» au Royaume-Uni, où le groupe a été «freiné dans sa croissance, notamment du fait de Sapient».
Le marché à un tournant
Pas de quoi néanmoins faire douter Publicis quant à la suite des événements. Preuve que le groupe a confiance en son modèle, il choisit même de s’affranchir du contexte incertain pour tabler sur un taux de marge opérationnelle de 17% et une croissance organique de +7% en fin d’exercice. «Le dernier aspect expliquant le rebond enregistré par le groupe s’avère être le volet new business, sur lequel Publicis est à nouveau numéro 1 de janvier à juin. Après un premier semestre avec des appels d’offres avant tout défensifs, le second semestre sera d’ailleurs consacré à des compétitions principalement offensives. Ce qui ne signifie pas forcément que nous allons gagner», glisse le dirigeant.
Défense en effet de pécher par manque d’humilité. «Nous sommes dans une dynamique de marché où beaucoup de choses vont se jouer dans les deux à trois ans à venir», prévient Arthur Sadoun. Une bascule là encore attendue par Publicis, qui estime disposer d’un positionnement préférentiel au regard d'enjeux data et tech toujours plus capitaux pour les marques.