Le gouvernement reçu jeudi 10 juin les propositions d'une mission spécialement mise en place pour aider le secteur de la publicité et des médias à concrétiser leurs engagements contre le changement climatique, sous la forme de «contrats climat». Trois ministères (Transition écologique, Economie et Culture), avaient chargé en février Agathe Bousquet, la présidente du groupe Publicis France, et Arnaud Leroy, le président de l'Agence de l'environnement (Ademe), de lui remettre un rapport sur cette question. C’est donc chose faite après de nombreuses auditions des acteurs clés des secteurs des médias, de la communication et des principales filières d’annonceurs.
Vifs débats
Ce travail fait également suite aux vifs débats rencontrés ces derniers mois autour de la nécessité d'encadrer voire d'interdire les publicités pour les produits et services les plus polluants. Les 150 citoyens de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) proposaient d'interdire dès 2023 la publicité pour les produits les plus émetteurs de gaz à effet de serre. La mesure avait fait bondir les publicitaires, qui craignaient en particulier son effet sur le secteur automobile, deuxième annonceur du marché. Les médias, dont les recettes publicitaires ont chuté avec la pandémie, avaient également mis en garde contre une réforme trop radicale.
Finalement, le projet de loi dit «climat et résilience», adopté début mai par les députés en première lecture et actuellement examiné au Sénat, ne va pas aussi loin. Il prévoit l'interdiction de la publicité en faveur des énergies fossiles, et la «promotion» par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) de «codes de bonne conduite» (ou «contrats climat») pour les publicités audiovisuelles relatives à «des biens et services ayant un impact négatif sur l'environnement».
Dans leurs propositions, Agathe Bousquet et Arnaud Leroy ont esquissé ce à quoi pourraient ressembler ces «contrats climat», qui formaliseraient les engagements volontaires des annonceurs et des médias pour rendre les publicités écologiquement plus responsables. Ils ont identifié cinq thématiques communes à ces futurs contrats: «l'identification d'indicateurs pertinents, la réduction des impacts des campagnes publicitaires, la promotion des annonces et des programmes les plus vertueux, la formation et la sensibilisation pour accélérer le changement».
«Méthodologie commune»
Ils conseillent de surcroît d'établir une «méthodologie commune» pour réaliser des bilans et trajectoires carbone, afin de pouvoir mesurer l'efficacité des engagements à moyen et long terme. En outre, ils suggèrent de créer une plateforme qui recueillerait les engagements des parties prenantes et aiderait à les mobiliser, une tâche complexe car ces contrats concernent une «grande diversité d'acteurs». Enfin, ressort de ce travail l’élaboration d’un «contrat type» ayant vocation à servir de guide ou de modèle comparatif.
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