Delphine Remy-Boutang : le chœur des entrepreneuses

Le plus grand échec de sa vie professionnelle ? « Que les chiffres de la représentativité des femmes dans la tech ne soient toujours pas au rendez-vous ». Delphine Remy-Boutang se décrit comme une activiste et a dédié les dix dernières années de sa carrière à ce combat. D’ailleurs, sa plus grande fierté reste le lancement du mouvement des Chemises Blanches, en 2017, qui réunissait treize startuppeuses dans le magazine Challenges, en réaction à une enquête de Capital mettant en avant onze hommes pour illustrer l'innovation en France...

Investie sur le numérique

« Quand j’étais jeune, je rêvais d’être avocate ou comédienne. Mais j’ai quitté mes études en droit pour me tourner vers plus d’action », raconte-t-elle. En 1997, elle quitte Paris pour s’installer à Londres et rejoint le groupe IBM. « Si j’ai quitté la France, c’est avant tout car la mentalité était très élitiste. Si tu ne sortais pas des grandes écoles, tu n’avais aucune chance d’être recruté, encore moins une femme. La culture anglo-saxonne est très différente. Je suis donc resté 15 ans à Londres. Je m’y suis formée tout en grimpant les échelons à IBM. » À 26 ans, elle devient directrice marketing, puis directrice de la communication EMEA, puis directrice social media worldwide. Elle coordonne la transition de ce grand groupe vers l’adoption des médias sociaux. « Ce fut une expérience extraordinaire au sein d’une entreprise pionnière sur les sujets numériques. J’y étais extrêmement investie. »

Pourtant, fin 2011, la jeune femme se sent appelée par l'entrepreneuriat, et décide de fonder à Londres sa propre société de communication : The Bureau, expert de la transformation digitale des entreprises, qui accompagne BNP Paribas, Coca-Cola, Homly You, le ministère des Affaires Étrangères, Orange… ou encore IBM, son premier client. Le concept de l'agence : concevoir des campagnes d’influence engagées et inclusives, le fer de lance de Delphine Remy-Boutang.

Les Margaret

En 2013, elle inaugure une nouvelle antenne à Paris et s’y installe définitivement. Régulièrement invitée pour des rendez-vous dédiés à la tech, elle déplore le manque criant de mixité. Elle crée donc dans la foulée la Journée de la Femme Digitale (JFD) : un événement qui met à l’honneur et connecte les femmes « qui s’emploient à révolutionner le monde grâce au digital ». À travers ses actions en Europe et en Afrique, la JFD favorise l’inclusion et la représentation équitable des femmes dans l’entrepreneuriat et les métiers du digital. « Au fil des ans, JFD est devenu bien plus qu’une journée. C’est désormais un club, un lieu de rencontres, une fondation (Margaret), un Prix (Les Margaret), un manifeste, des études annuelles, etc. », détaille la présidente, qui ne compte pas en rester là. En novembre 2020, elle défend trois propositions auprès du gouvernement pour accélérer l’égalité professionnelle. Sa lutte pour l’inclusion des femmes est loin d’être terminée.