Design
L’agence spécialisée dans l’expérience utilisateur et le design panafricain à Dakar et à Abidjan Yux.design a lancé cette année au Sénégal son propre studio de développement de jeux vidéo, Kayfo Game Studio. Avec comme défi de faire émerger ce secteur qui peine à se structurer, en Afrique de l’Ouest et plus largement sur le continent.

En France, le marché du jeu vidéo pesait 4,8 milliards d’euros en 2019.(1) L’Asie, l’Amérique du Nord et l’Europe représentant les principaux pôles de consommation. Quid de l’Afrique ? Selon des études menées en 2018 par des cabinets de conseil internationaux et Orange, le continent ne représentait que 1 % du marché mondial. « C’est tout le paradoxe, plante Camille Kramer, cofondatrice de l’agence Yux.design basée à Dakar et à Abidjan. Ce marché a une croissance mondiale mais on parle peu de son impact en Afrique, pourtant il y a un potentiel. En soutenant le projet avec Julien Herbin [CEO de Kayfo Game Studio], on était persuadé que le lien entre l’agence et le studio allait nous permettre de mieux comprendre les usages et cerner les besoins sur le territoire. » Le studio de développement de jeux vidéo a été créé cette année à Dakar par Julien Herbin, ancien développeur chez Ubisoft et les trois cofondateurs de Yux (Camille Kramer, Yann Le Beux et Daniel Locko). 

Trouver son modèle économique 

Pour s’inscrire dans un écosystème qui peine à se structurer, le studio a bien compris qu’il fallait commencer par se positionner sur le smartphone, premier support de jeux vidéo. Les jeux vidéo mobile gratuits ou payants développés par le studio peuvent être sur commande, édités ou distribués. Son catalogue en compte trois, dont Clean my beach qui éveille le jeune public sur la protection de l’environnement. Pour Julien Herbin, CEO de Kayfo, le développement de l’industrie passe notamment par l’éducation par le jeu. 

Kayfo a d’ailleurs été choisie par l’Ambassade de France au Sénégal pour développer un jeu vidéo mobile gratuit axé sur l’entrepreneuriat. Distribué sur les magasins d’applications de Google et d’Apple mi-novembre, le jeu a été financé par l’Ambassade.  

Le studio tente de monétiser ses autres produits via deux formats d’encarts publicitaires : les annonces interstitielles, qui se déclenchent seules, et les annonces avec récompense. « Le taux de transformation n’est pas encore intéressant pour dégager suffisamment de revenus. Le jeu vidéo est moins valorisé qu’en Europe mais l’industrie se professionnalise. Des jeunes se lancent et on envie d’apprendre ce métier », rassure Julien Herbin.  

Le studio testera le modèle du free-to-play et les jeux avec achats in-app. En attendant, un accord de distribution sur trois ans pour un jeu payant a déjà été signé avec Plug in digital, distributeur indépendant français et nouvel adhérent du Sell. « Évidemment on a intérêt à ce que ces distributeurs opèrent sur les marchés africains pour avoir plus de visibilité auprès des joueurs, mais ce n’est pas encore le cas. Mais on remarque que des opérateurs téléphoniques comme Orange [client de Yux, ndlr] se spécialisent dans la distribution de jeux vidéo. On est en discussion avec eux pour pouvoir intégrer leur portail de jeux. » La start-up ivoirienne Paradise Game, qui organise chaque année un festival du jeu vidéo à Abidjan, évalue le nombre de développeurs à 300. La dynamique est bien là.

Chiffres clés : 

8. Nombre de salariés de Kayfo Game Studio.

30. Nombre de salariés de Yux.design.

45 000 euros. Estimation du chiffre d’affaires de Kayfo Game Studio de 2020 (40 000 euros via le jeu éducatif et 5 000 via le jeu de divertissement). 

49%. Part de Kayfo que détient Yux.design (Julien Herbin détient 51%).

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