Qu’elle est loin l’époque où le public d’une salle votait en levant un carton bleu ou rouge ! « Depuis une dizaine d’années, avec le développement des applications sur mesure, les interactions avec le public passent par le portable », rappelle Antoine Alexandre, directeur général de l’agence MCI France. L’outil permet de mettre en œuvre beaucoup plus d’interactions. » Celles-ci prennent la forme de quizz ou encore de nuages de mots pour voir quelle opinion est la plus populaire concernant tel ou tel sujet. Leur avantage est de maintenir l’audience active et concentrée. Et c’est encore plus vrai quand l’événement devient virtuel : « Dans une salle, un speaker voit si le public applaudit ou siffle. En virtuel, il ne le sait pas », poursuit le dirigeant.
Ces techniques ont reçu un coup de pouce avec le développement des nouvelles technologies, à commencer par le QR code que les participants n’ont qu’à flasher via l’appareil photo de leur portable pour accéder directement à l’appli dédiée à l’événement. La simplicité d’utilisation incite les professionnels à développer ce genre de techniques. La virtualisation des événements apporte en outre, quasi naturellement, une dimension ludique. « Quand nous invitons des VIP dans la salle virtuelle de lancement de la fusée Ariane ou dans celle de l’Olympia, nous sommes en plein dans ce registre, relève Christophe Cousin, le président de l’agence Win-Win. C’est bluffant, vous entrez avec votre invitation qui s’affiche en lettres rouges sur le fronton du bâtiment, vous pouvez visiter une loge, assister à une séance plénière avec des speakers sur la scène, découvrir derrière la salle un espace de 15 000 m2. »
Un atout maître
Dan-Antoine Blanc-Shapira, le président de l’agence Sensation, n’hésite pas à mettre en œuvre ces techniques de jeux lors de meetings physiques. « Pour Eau de Paris, lors d’un événement dans une usine réunissant 650 salariés, nous avons imaginé un parcours avec une dizaine de jeux créés sur mesure pour mettre en valeur les différents métiers. C’est bien plus efficace en termes d’appropriation des messages, c’est la base de la pédagogie », note-t-il. Son agence a aussi imaginé, pour les laboratoires Takeda, un jeu de piste permettant aux salariés de découvrir les bonnes adresses du quartier lors de leur emménagement dans le centre de Paris.
Dans le contexte actuel où les organisateurs d’événements vont devoir, pour se relancer, retrouver la confiance du public, le jeu apparaît comme un atout maître. « La gamification offre la possibilité de ramener les visiteurs sur la rencontre physique. Après le Covid, il reste encore une angoisse à ce sujet, le jeu peut rassurer le public », note Florence Bailbled, chef de projet innovation de l’incubateur French Event Booster, qui accompagne chaque année une dizaine de start-up de l’événementiel. Il peut aussi être déployé en « drive to event » pour animer les communautés tout en dédramatisant la situation.