C’est un petit événement dans le monde des agences. Per Pedersen, créatif multiprimé dont le départ cet été du poste de global creative chairman de Grey n’est pas passé inaperçu outre-Atlantique, avait donc un plan en tête. Quelques semaines plus tard, se lance sous son impulsion &The Network, réseau international fédérant 16 agences indépendantes réputées couvrant une vingtaine de marchés. Un projet ambitieux et «construit en réalité au cours des huit derniers mois» comme l’explique Andrea Stillacci, président du groupe Herezie, seul acteur français à être du projet.
Standards élevés
«L’objectif est de réunir la crème de la crème, à savoir uniquement des agences régulièrement primées, dirigées par des profils créatifs et indépendantes», avance-t-il en référence aux parties prenantes. «White Rabbit par exemple est clairement l’agence créative phare en Europe de l’Est. Et 2045, qui a ouvert ses portes il y a peu à Barcelone avec une petite structure, bénéficie d’une belle réputation sur le marché. De la même manière, l’influence de l’agence londonienne Rehab va bien au-delà de la publicité puisqu’on parle d’une agence distinguée lors des Emmy Awards», illustre Andrea Stillacci, qui voit dans cette approche commune un moyen de contourner «la liberté de mouvement insuffisante qui existe aujourd’hui dans les réseaux internationaux». Soit. Mais en dehors des poids lourds du secteur (WPP, Omnicom, Interpublic, Publicis, Dentsu…), les réseaux internationaux d’agences indépendantes existent déjà. Un modèle qui peine à faire ses preuves quand il ne s’apparente pas tout simplement à une coquille vide, faute de moyens. Sans omettre que chaque agence a déjà sa propre partition à jouer. Un risque que ne court pas &The Network, à en croire le président d’Herezie. «D’une part, chaque agence a investi financièrement dans le projet. D’autre part, celui-ci, avec près de 400 experts au total, ouvre des perspectives tangibles avec une taille et un maillage territorial permettant de postuler pour des appels d’offres monde», souligne celui qui est nommé à cette occasion chairman du réseau. Preuve en est, &The Network vient de se voir briefé par une marque phare du secteur high-tech pour une campagne en vue du prochain Super Bowl. Le Graal publicitaire, en d’autres termes. «Il fallait que le projet soit porté par une agence américaine. Sans le réseau, cela aurait été inenvisageable», pointe le dirigeant.
Présence géographique
Au-delà de cet intérêt business, cette structure, pour laquelle «chaque membre a été soigneusement sélectionné», offre également «la possibilité d’échanger en permanence avec des créatifs incroyables», se réjouit encore Andrea Stillacci, estimant que jouer sur deux tableaux à la fois n’a rien d’incompatible. «Au contraire, c’est là tout l’intérêt de ce modèle. Continuer à piloter notre propre activité tout en accédant à des compétitions pour lesquelles la présence géographique nous faisait jusque-là défaut», conclut-il. Reste désormais à en faire durablement la démonstration.
16 Comme le nombre d’agences sur lesquelles s’appuie le réseau. Dans le détail, il s’agit de Marvin (Los Angeles), Small (New York), The Sway Effect (New York), Ostrich Co (Toronto), Founders (Miami, Mexico, Kingston, Buenos Aires), Libre (Panama City), Rehab (Londres), Freeturn (Londres et Los Angeles), Herezie (Paris), Amsterdam Berlin (Amsterdam et Berlin), Worth Your While (Copenhague), Farm (Stockholm et Helsinki), 2045 (Barcelone), White Rabbit (Budapest), Mr+Positive (Tokyo et Séoul) ainsi que Shelly Beach Motorcycle Club (Sydney).