Quel est le bilan économique de la filière événementielle ces six derniers mois ?
De mars à août 2020, l’activité des entreprises événementielles et touristiques a enregistré une perte de 15 milliards d’euros, soit un tiers de l’activité annuelle événementielle française. C’est une estimation répartie à parts égales entre les entreprises et les retombées économiques. La reprise de septembre nous a donné une visibilité. La question est la confiance que les exposants et les visiteurs vont apporter à cette reprise. À cela s’ajoutent la réouverture des frontières des pays autres que ceux de l’espace Schengen, les incertitudes liées à l’évolution de la pandémie et la levée des autorisations administratives. Mais on a bon espoir ! Nous avons les expertises pour accueillir les publics en toute sécurité, gestion des flux, capacité de traçabilité unique des visiteurs… Cela fait partie de notre business model.
Justement, la crise sanitaire ne questionne-t-elle pas le modèle de la filière ?
Cette crise est conjoncturelle. Elle n’a pas révélé des tendances de fond, mais elle confirme que des comportements doivent évoluer vers le qualitatif, le partage d’expertises… Un salon (ou un événement) aujourd’hui n’est pas un lieu informatif, il apporte un contenu à valeur ajoutée. À cet effet, depuis plusieurs années, nous travaillons autour des contenus, des communautés et des outils de connexion pour des événements hybrides mais aussi pour accompagner les entreprises à s’engager dans une démarche de responsabilité sociétale. À terme, on va vers une transformation des process logistiques et de métiers tournés davantage vers le contenu et le conseil.
Quelles sont les perspectives de la filière ?
Nous avons un manque de visibilité. Les évolutions de la crise sanitaire rendent probable la tenue des événements, mais pas à 100 %. Les exposants s’interrogent sur la venue des visiteurs qui dépendent des autorisations sanitaires et administratives. Par ailleurs, certains salons qui devaient avoir lieu au printemps sont remis à l’année prochaine car il n’y a plus de disponibilité ou les dates ne correspondent pas au rythme économique de leur activité. Jusqu’en mars 2021, l’important est de tenir les salons et les événements car on se doit d’avoir notre place dans le carrousel de la concurrence internationale et répondre aux attentes des professionnels qui sont dans une situation dégradée. Nous sommes en train de manger notre pain noir ! Mais sur cette période, perdre de l’argent devient subsidiaire pour préparer l’avenir. On devrait tendre vers une stabilisation vers le deuxième semestre 2021.
Olivier Roux, le président d’Unimev (Union française des métiers de l’événement) et vice-président de GL events, évoque les incertitudes auxquelles la filière est confrontée et les perspectives à court et moyen terme.