Agences
Anthony Ravau, président d'Heroiks, a imaginé avec la banque Arkéa « LeCréditPub », qui consiste en un prêt aux entreprises pour lancer une campagne de communication. Il explique les tenants et aboutissants du projet.

Après une tribune, cet été, militant pour un « crédit publicitaire » afin d'aider les annonceurs, vous avez imaginé avec la banque Arkea l’offre LeCréditPub. Pourquoi un tel activisme ?

Anthony Ravau. Il ne faut pas se voiler la face. La période sera très dure, et je ne vois pas du tout de reprise pour 2021. Personnellement, pour le groupe Heroiks, nous tablons sur une baisse de 15 % l’année prochaine. Ce n’est pas être pessimiste, selon moi, c’est être réaliste. Les annonceurs n’ont pas de visibilité. Ils hésitent, et repoussent beaucoup de décisions, dont celles liées à leur communication. Or, en période de crise, la publicité est très efficace. C’est un levier extraordinaire qui permet de renouer avec des activités normales. Mais pour cela, il faut apporter de la réassurance. Nous avions imaginé ce crédit publicitaire cet été dans une logique citoyenne. Nous avons été reçus à Bercy et avons eu un accueil favorable. Mais le plan de relance du gouvernement est axé sur l’offre et non la demande, alors nous avons contacté Arkéa pour aller au bout de notre logique.

 

En quoi consiste-t-il ?

Le but est de délivrer un prêt aux entreprises, jusqu’à 2 millions d’euros, afin qu’elles boostent leur chiffre d’affaires. Elles ne remboursent ensuite qu’au bout de deux ans, et sur cinq ans. Ça fait donc sept ans de délai. Cela améliorera la trésorerie et le compte d’exploitation de l’entreprise en attendant la reprise.

 

Le prêt est subordonné aux entreprises qui ont des « finances saines ». Que voulez-vous dire par là ?

La société doit clairement être en mesure de rembourser le prêt, avec les fonds propres satisfaisants. Si elle est déjà endettée, c’est peu souhaitable. Le but n’est pas d’aider des entreprises en détresse, mais de soutenir la prise de risque pour qui hésiterait, et d’aider à amortir les dépenses publicitaires sur sept ans. C’est très intéressant si vous avez un lancement à faire l’année prochaine. Au lieu de dépenser 2 millions tout de suite, vous pouvez lancer votre produit ou service, faire rentrer du chiffre d’affaires et ne payer votre campagne réellement que dans 24 mois. Pour certaines PME ou PMI, cela peut vraiment aider.

 

Et qui prend le risque ?

La banque. C’est vraiment une offre Arkéa, qu’Heroiks a imaginée, et que l’on soutient, mais elle est valable pour tout le marché, et quelle que soit l’agence - que l’annonceur en ait une ou non, d’ailleurs. L’objectif est vraiment de soutenir la communication, et de montrer que la publicité est efficace. Le marché des agences médias doit se réinventer absolument, il faut qu’on se bouge collectivement.

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