La reprise des salons, foires, congrès et grands événements à partir du 1er septembre et la validation du référentiel sanitaire de la filière par le gouvernement ont fait apparaître une éclaircie dans un ciel plombé par une activité quasi à l’arrêt pendant plusieurs mois. Si quelques petits événements en présentiel se sont tenus à partir de juin, il a fallu attendre la rentrée pour sentir les prémices d’une reprise, dont on ne sait si elle est appelée à se poursuivre, s’accélérer ou s’interrompre. Seule certitude : les entreprises se concentrent sur leur activité. Organiser un événement n’est pas une priorité. Elles peuvent aussi décider d’annuler ou de réduire leurs événements physiques au profit du digital. N’en demeure pas moins qu’en cette rentrée, les signes sont encourageants, comme la confirmation de foires et salons pour le dernier quadrimestre sur tout le territoire. Comment les acteurs rebondissent-ils dans cet environnement incertain ?
« Tout reste fragile. »
Les lieux ont tous mis en place des mesures spécifiques pour garantir la sécurité sanitaire de leurs publics. Leur enjeu commun est de faire venir et maintenir les événements. « Nous avons réaménagé nos espaces et développé une offre “Streaming Essentiel”. Nous accueillons des événements de 15 à 30 personnes mais nous savons que certains grands comptes ne reviendront pas dans nos établissements cette année. Tout reste fragile », déclare Gérald Coutaudier, directeur général de Châteauform’(70 maisons). En cette rentrée, Viparis (gestionnaire de 9 lieux à Paris et en Île-de-France) a accueilli de gros congrès (SFH, SOFFCO. MM…). « L’objectif est de mettre tout en œuvre avec les organisateurs pour qu’ils tiennent leurs événements, spécifie Pablo Nakhlé Cerruti, directeur général de Viparis. Face à cette situation, nous sommes dans une réflexion sur le business model. Néanmoins, ce que nous vivons aujourd’hui valide notre stratégie qui repose sur une flexibilité des lieux, la connectivité (wifi haute densité, bluetooth pour du tracing…) pour des événements hybrides. D’ici la fin de l’année, nos sites seront connectés à la 5G. » Le sondage réalisé par le Leads (juin 2020) « indique que 71,9 % des exposants souhaitent maintenir leur présence sur les salons du 2ème semestre et 92 % en 2021, reprend Fabrice Laborde, président de Créalians et vice-président d’Unimev. Impactés par la crise dans leur propre activité, 30,6 % des exposants envisagent de réduire leur surface d’exposition et 44 % leur budget. L’enjeu de notre profession est donc de faire un pont jusqu’en 2021. Certaines agences développent donc des plateformes de digitalisation et certains prestataires commencent à diversifier leur activité vers les showrooms et le retail. À terme, notre profession devra réaliser 20 % à 30 % d’activité en dehors de l’événementiel pour amortir le choc ».
Une diversification qui s’opère déjà dans d’autres branches du secteur comme les agences d’accueil, en particulier celles qui réalisent 100 % de leur activité dans l’événementiel. « La crise nous oblige à développer nos services avec de nouveaux outils digitaux et nous diversifier sur de nouveaux marchés comme le retail », assure Barbara Grandsire, directrice générale de l’agence Mahola Hôtesses, qui préconise également des « conditions de vente plus souples pour relancer l’activité et participer à la relève collective dans un esprit solidaire ». Un avis partagé par Grégory Lentz, directeur général associé de Moma Sélection (Moma Group/23 lieux dans la capitale) : « Nous devons faire preuve d’une plus grande flexibilité en termes d’annulation(s) avec reports ou remboursements afin que les clients reprogramment leurs événements. Nous investissons dans plus de personnel, c’est un surcoût à assumer pour redémarrer l’activité. » Trouver la parade pour s’adapter aux nouvelles conditions et au marché. « Après les mois de confinement et des millions de pertes, il a fallu tout repenser », déclare Alain Marcotullio, président Les Traiteurs de France (37 membres) qui ont imaginé les réceptions de demain : nomination d’un référent santé sécurité sur chaque prestation et des idées comme les tiroirs coulissants où le convive n’a qu’à ouvrir pour se servir… Les petits traiteurs imaginent aussi de nouvelles prestations, comme la start-up Baobab Lab, qui lance la cantine connectée, une solution food responsable dédiée aux entreprises. Le concept repose sur un frigo intelligent pour bien manger au bureau en toute sécurité.
S’adapter à la situation
Tous les métiers étudient de nouvelles solutions pour répondre aux enjeux du marché. Ainsi, GL events s’adapte à la situation à travers plusieurs mesures – protection de l’écosystème en amont (PME sous-traitants) et en aval (exposants, organisateurs) – et une offre dite hybride. « Pour les conventions, nous avons créé une offre unique de notre réseau GL “mutiplex” qui propose à nos clients des hubs évènementiels », présente Christophe Cizeron, directeur général de GL events Venues. Enfin, quel meilleur symbole que la musique pour célébrer la reprise événementielle ? Spécialiste des solutions techniques audiovisuelles, Novelty a organisé une fête de la musique en version 2.0 et en multiplex où les groupes jouaient en live depuis quatre sites. Un show de deux heures accessible depuis les réseaux sociaux et le site internet. « Cette offre est le fruit du travail du service R & D et de la direction technique qui ont commencé à réfléchir à de nouveaux formats dès le 25 mars, ne sachant pas combien de temps allait durer la crise, explique Thomas Menguy, directeur commercial de Novelty, qui a aussi développé un nouveau studio et des solutions pour des visioconférences hybrides. Ces nouvelles méthodes ne combleront pas les pertes mais elles vont apporter des choses supplémentaires aux prochains événements. Quoi qu’il en soit, toute la filière fait front, portée par un optimisme à toute épreuve.