Christophe Perruchas, la plume dans la pub

Le destin entre souvent sans frapper. C’est ce dont peut témoigner Christophe Perruchas lorsque dans les années 1990, à la fac de Nantes, il récupère le double des clés menant au local abritant le seul ordinateur connecté à internet. « En surfant -comme on disait à l’époque - on a fini par atterrir sur le site de Publicis. C’est là qu’on est tombés sur un concours de scénarios organisé pour nourrir la saga Nescafé », retrace l'ancien étudiant en littérature. Bilan : une participation victorieuse et un stage d’une semaine en prime chez le poids lourd français de la communication. Un premier pas qui va mener ce fils d’un père ouvrier chez Airbus et d’une mère artiste-peintre à rallier BDDP&Fils en 1998.

« J’ai été formé à l’école Altmann », reprend-il en référence au fondateur d’Altmann+Pacreau. Vingt ans et six agences plus tard, Christophe Perruchas lance avec Dimitri Smilenko et Alexia Zermati OISX, « une agence de publicité sans les inconvénients d’une agence de publicité », s’amuse-t-il. Car ce père de deux enfants ne s’interdit rien. « J’avais la bougeotte mais aussi et surtout envie de tester des choses nouvelles. La répétition m’ennuie », reconnaît le concepteur-rédacteur qui, après ses passages chez Publicis Conseil, Springer&Jacoby, Les Ouvriers du paradis (WPP) et Lowe Strateus (IPG), rejoint Duke en 2009.

Roman casse-gueule

« Le digital était un peu vu comme la punition à l’époque ! C’est pourtant là que j’ai réellement grandi dans le métier en devenant par ailleurs directeur de la création, avec 55 créatifs sous ma responsabilité », estime-t-il. « C’était un choix audacieux qui lui a permis de prendre une longueur d’avance », corrobore Olivier Altmann, évoquant « un garçon intelligent, posé, humain ». Même son de cloche chez Patrick Mercier, président de Change, qui, pour avoir étroitement collaboré entre 2014 et 2018, décrit « quelqu’un de brillant et intelligent ».

Mais limiter Christophe Perruchas au monde des agences serait une erreur tant le personnage est un touche-à-tout. « Mes enfants disent que je suis publicitaire, épicier et écrivain », en rigole-t-il. Pas faux. Car derrière le publicitaire se cache également un entrepreneur, à l’image de la « tribu Papa sapiens cofondée en 2013 avec des amis », projet ayant abouti à l’ouverture de deux épiceries fines et un restaurant dans Paris. Mais aussi un écrivain puisque son premier roman, Sept gingembres, ne passe pas inaperçu. Et pour cause. « C’est un roman casse-gueule. Il agit tel un révélateur de zones grises, comme il en existe tant dans le monde de la pub », constate-t-il. Une plume qui a convaincu le jury du prix de Flore 2020 puisque le livre figure dans les dix ouvrages présélectionnés. Là encore, le destin pourrait s’inviter sans prévenir.