International
Vendre de la musique classique au rayon frais des grandes surfaces, voilà une idée qui marie à merveille tout ce que j'aime: non-sens, poésie et humour... Située au fin fond de la région de la Ruhr [Allemagne], où tout le monde se fout de la musique classique, le Dortmund Concert Hall veut faire parler de sa nouvelle saison. Pour cela il s'appuie sur son claim : «Experience music like never before», et sur un insight scientifiquement prouvé: la musique classique a un effet positif sur la production de lait. La mécanique que propose l'agence Jung von Matt est simple. On fait écouter aux vaches la musique des artistes programmés pour la saison 2010-2011. Pendant l'écoute, les fermiers embouteillent le lait fraîchement tiré. Chaque série de bouteille appelée «Dortmund Concert Milk» porte le nom de l'artiste écouté par la vache. A l'arrière de la bouteille, on peut en apprendre plus sur l'artiste et surtout découvrir ses dates de concert au Dortmund Concert Hall. Les bouteilles sont ensuite vendues dans les supermarchés de la région. Jung von Matt a été au bout de l'idée en proposant un packaging sublime, confirmant ainsi le rôle de plus en plus central du design dans les dispositifs de communication. Avec pour résultat, une augmentation des inscriptions de +19% et une occupation du théâtre en hausse de 72%.
Culte
Cannes Lions 2003, Spike Jonze et la petite lampe Ikea remporte le Grand Prix. Ce jour-là, le film Honda COG de Wieden & Kennedy réalisé par Antoine Bardou-Jacquet est devenu, pour moi, le plus grand film de pub à ne pas avoir eu le Grand Prix. COG est une installation, un film comme on peut en voir dans les musées d'art contemporain. Il a franchi la frontière si ténue parfois entre ces deux «arts» conceptuels que sont l'art contemporain et la publicité. Il l'a tellement franchi, qu'un couple d'artistes suisses, Peter Fishli et David Weiss, vont accuser (mais sans jamais porter plainte) l'agence de plagiat au motif qu'elle se serait inspirée de leur film The way things go (1987). Ces accusations n'ont pas empêché COG de connaître un succès sans précédent et d'être un des films les plus primés de l'histoire et aussi pour l'anecdote, un des plus «plagiés». L'art contemporain et la publicité vont, j'en suis sûr, se mêler encore et s'entremêler davantage dans les années qui viennent. Ainsi, The Clock, ce film de vingt-quatre heures sur le temps de Christian Marclay, composé de 3000 extraits de films et de séries aurait pu, par exemple, faire une incroyable publicité pour Canal +. Et quel coup média!
Inspiration
Radiohead qui vend ses titres au prix que les internautes veulent bien mettre, Oasis qui fait jouer en avant-première les titres de son nouvel album par des musiciens de rue, Damon Albarn et Jamie Hewlett qui créent un groupe virtuel dont les membres sont représentés par des personnages de BD qui donnent des concerts dans le monde entier, le site de Björk pour son dernier album, l'alternate reality game de Nine Inch Nails... Des concerts live sur internet, des concerts en «réalité augmentée»... Sans parler des photographes, des graphistes, des réalisateurs de clips, Yoann Lemoine, Megaforce, AB/CD/CD, Fleur et Manu, So Me, Jérémie Rozan... (pour ne citer que des Français). L'incroyable créativité de l'univers musical est aujourd'hui, pour moi, une inépuisable source d'inspiration. Et j'y associe volontiers le monde de la danse.