Dans le hall de l'immeuble Publicis, Jean-Patrick Chiquiar jette un œil sur son téléphone portable: «Tiens, un ancien client de Young & Rubicam qui m'appelle!», lance-t-il avec un sourire amusé. Les onze ans passés au sein de son ancienne agence ont visiblement laissé des traces côté annonceurs. «La force de Jean-Patrick, c'est justement la confiance qu'il installe entre lui et ses clients», confirme Élie Ohayon, directeur de l'agence Leg, qui a travaillé à ses côtés au sein de la Young sur des budgets comme Auchan ou Décathlon.
Depuis 2007 aux manettes de Publicis Conseil, Jean-Patrick Chiquiar a, de fait, encore développé ce «savoir-faire». C'est d'ailleurs l'exacte mission qui lui est dévolue au sein du quatuor qu'il forme depuis quatre ans avec les coprésidents Arthur Sadoun et Olivier Altmann et la directrice générale Valérie Hénaff. À tel point que nombre des victoires récentes de Publicis Conseil lui sont attribuées. Depuis son arrivée, des marques comme Axa ou Intermarché ont rejoint le portefeuille de clients de l'agence. Ces derniers mois, ce sont également ADP, RATP et la Fnac qui ont été séduits. «Ces trois derniers budgets sont l'exact reflet du défi actuel de Publicis Conseil: arriver à “digitaliser” des grandes marques tout en les gardant créatives», souligne Jean-Patrick Chiquiar.
Chargé du développement, le publicitaire âgé de quarante-trois ans ne veut pas pour autant se perdre dans une course effrénée. «Je n'ai pas envie de mettre l'agence sous tension permanente», confie-t-il. Ainsi, sur une compétition récente comme Ikea, Publicis Conseil a fait le choix de ne pas concourir. Le choix du roi. «Nous ne voulons pas apparaître comme un ogre qui va tout dévorer», se permet Jean-Patrick Chiquiar.
Beau bulletin de notes
À son arrivée en 2007, les débuts chez Publicis ont, malgré tout, été difficiles. «Je n'avais jamais travaillé avec mes trois partenaires actuels, qui eux se connaissaient tous de chez TBWA. De plus, au sein de Publicis, il régnait alors une forme d'académisme», se rappelle-t-il. «Jean-Patrick devait aussi s'extraire d'une “culture maison”, celle de Young & Rubicam, qu'il avait ingérée pendant onze ans», confirme Arthur Sadoun. La greffe aurait pu ne pas prendre.
Mais, décrit comme une «bête de travail», Jean-Patrick Chiquiar n'a pas ménagé ses efforts. Tant sur les clients que sur la valorisation de la création. Deux territoires publicitaires que ce dernier n'a jamais opposés. Conséquence, sur le marché, le publicitaire récolte ainsi un beau bulletin de notes: fidèle, courageux et ayant le sens du collectif. Jean-Patrick Chiquiar, le «bon homme» de la publicité? «Il a toujours donné le sentiment de vouloir faire le mieux possible son métier», estime Jacques Joly, directeur de création chez BETC Euro RSCG. Mais le professionnel exigeant qu'il est a, du coup, du mal à déléguer. «Il faut du temps pour gagner sa confiance», souligne Johanna Worth, directrice générale de Mlle Noï.
Homme de réseaux, son carnet d'adresses n'est pas le moins garni du métier. Mais c'est dans l'ombre qu'il l'alimente. Une discrétion qui a pu lui jouer des tours dans un métier basé aussi sur le paraître. Un directeur de la création qui l'a côtoyé lance, ainsi, de manière cinglante: «Je n'ai aucun souvenir de ce type.» Ce serait presque rassurant. Ne dit-on pas qu'un homme sans ennemi finit par devenir un homme sans valeur?
Dates clés
(à compléter : date et lieu de naissance, formation)
1990. Débute sa carrière chez Leo Burnett comme directeur-conseil.
1995. Arrive chez Young & Rubicam, dont il devient vice-président en 2006.
2007. Directeur général de Publicis Conseil.