Qui va au match ?

Description

Tête rasée et verre de bière à la main... L'image du supporter de football a la peau dure. Pourtant, les 200 000 spectateurs se déplaçant toutes les semaines dans les stades de football français afin d'assister aux matchs du championnat de France ne correspondent pas forcément à ce portrait. Première observation : ils sont fidèles. Pour la saison 2001-2002, les abonnés ont représenté plus de la moitié des entrées (57 %). Mais tous les clubs ne parviennent pas à ce score. À Auxerre, seuls 20 % du public sont abonnés. Et à Monaco, le stade LouisII n'attire que 10 % d'abonnés dans ses tribunes. ç l'opposé, les clubs champions de la fidélisation sont Lille, Lens, Nantes, Troyes et Marseille, avec des taux supérieurs à 65 %. La palme revient à l'Olympique de Marseille (OM) : le club affiche 86 % d'abonnés. Les Marseillais sont également les plus nombreux : près de 50 000 spectateurs par match en moyenne la saison passée. Sur ce critère, l'OM devance le Paris Saint-Germain et le Racing Club de Lens (lire le tableau).
Ces spectateurs sont jeunes. Selon une étude BVA pourFrance Football, réalisée auprès de 1 869 spectateurs en novembre et décembre 1999, les moins de 25 ans représentent 36 % du public, contre 12 % pour les plus de 50 ans. Pas de surprise, cette population est masculine à 90 %, selon BVA. Des proportions confirmées par une étude réalisée en 1998 par le Football Club Nantes Atlantique auprès de ses abonnés. Cette enquête interne révèle que 13 % des supporters nantais ont moins de 20 ans, et 25 % entre 20 et 30 ans. Selon BVA etFrance Football, Sedan est le club qui attire le plus de femmes, avec un taux de 21 %. Les spectateurs du football se recrutent plutôt auprès des classes modestes : 43 % sont ouvriers ou employés. Parmi les actuels clubs de première division, Nantes, Troyes et Lens ont une proportion d'ouvriers et d'employés au sein de leur public supérieure à 50 %. Les résultats du questionnaire du FC Nantes Atlantique laissent également apparaître que 28 % de ses abonnés sont des étudiants. Sur ce critère, d'après l'enquête BVA etFrance Football, Monaco, Metz, Sedan, Bordeaux, Lyon et Marseille affichent chacun plus de 40 % d'inactifs, étudiants compris, dans les rangs de leurs supporters.
Les données sur les spectateurs se déplaçant au Stade de France afin d'encourager l'équipe de France ne sont pas très éloignées de ces données. Selon une étude réalisée en 2001 et 2002 par le service Marketing développement de l'enceinte de Saint-Denis, le public des Bleus est à 85 % masculin et a moins de 31 ans à 49 %. L'âge moyen est légèrement inférieur à 34ans, soit trois ans de plus que le supporter de club moyen. Les ouvriers et les employés représentent 40 % du public. Les opérations de relations publiques, plus nombreuses au Stade de France que dans les stades des clubs, drainent une partie importante de personnes appartenant à une catégorie socioprofessionnelle élevée.
À Saint-Denis, les spectateurs se déplacent surtout en famille (44 %). Rien d'étonnant donc de voir dans les travées du Stade de France beaucoup de papas accompagner leur progéniture. Le supporter des Bleus se rend également dans l'enceinte dionysienne avec des amis, pour 36 % des personnes interrogées. Enfin, un supporter sur dix vient seul.
Si les clubs et la Ligue professionnelle de football comptabilisent depuis longtemps les spectateurs payant leur place, en revanche, personne n'a cherché à les connaître. Les études sur le sujet n'existent pas. Aucune société de marketing sportif n'a développé ce type d'enquête. Pas même Sportfive, la société de Jean-Claude Darmon. Quelques clubs, dont le Paris Saint-Germain, viennent tout de même de lancer un chantier, dans l'espoir de développer le nombre de leurs supporters. Une pratique marketing éprouvée depuis longtemps par les grands clubs européens, tel le FC Barcelone, qui affiche fièrement ses 105 000 « socios ».