Producteurs : Leurs chouchous de l'année

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->Première HeurePremière Heure continue de faire une fine équipe avec Philippe Pollet-Villard, comme le prouve avec brio le récent spot monster.fr. Actuellement dans les affres de la sortie de son premier long-métrage,Jacqueline dans ma vitrine, le réalisateur fait partie des poids lourds de la maison de production, aux côtés de Frédéric Planchon, Sébastien Chantrel et les Rojo. Derrière ce quatuor de tête, une nouvelle génération pointe son nez : le prometteur Shaun Severi, qui pourrait se faire remarquer à Cannes avec le film Amnesty International, ou le boulimique Sadry Adhamy, qui a enchaîné les tournages pour Renault, Société générale, Varilux, Maximiles, etc. Mais il ne faut plus dire Première heure. La société dirigée par Patrice Haddad est désormais un groupe structuré en quatre labels de production autonome: Why us?, Psycho, Can et Uturn. Chaque responsable de label développe son propre vivier de jeunes talents. Shaun Severi et Sadry Adhamy sont représentés par Christophe Starkman chez Why us ?. Chez Uturn, Élisabeth Fabri, productrice d'Erick Zonca, Xavier Giannoli ou Julien Séri, vient de faire réaliser sa première publicité, pour Mercedes, à la photographe new-yorkaise Taryn Simon. Céline Quideau, de Psycho, prédit un avenir radieux à Philippe Dussol,«le futur Sébastien Chantrel», selon elle. Sylvaine Mella de Can, outre Baillie Walsh, défend les chances des photographes Satoshi Saikusa et David Lasnet.«Les annonceurs Internet apportent une fraîcheur, une ouverture d'esprit, une énergie qui conviennent bien à notre nouvelle organisation», affirme-t-elle.->La PacPuisque Alain Bernard, le patron de La Pac, ne veut pas choisir son réalisateur de l'année, faisons-le pour lui. Franck Vroegop, récompensé pour le film Manix au Club des directeurs artistiques et qui vient de signer la campagne de Vizzavi, le portail commun de Vivendi et Vodafone, fait fort bien l'affaire.«Vizzavi est l'un des plus gros projets de l'année,reconnaît Alain Bernard.Franck Vroegop est appelé à rejoindre le bataillon des ténors.»La Pac poursuit tranquillement son bonhomme de chemin, à raison de 75productions par an.«Nous sommes en dehors des modes, ce qui nous permet de traverser les époques sans nous démoder,affirme Alain Bernard.Certaines agences veulent de nouvelles images, d'autres des noms ou des débutants, nous pouvons satisfaire l'ensemble de la demande. Nous avons des réalisateurs qui viennent du long métrage comme Patrice Leconte, Bertrand Blier ou Alain Corneau; d'autres qui font beaucoup de spots de pub mais pas seulement, comme Jean-Paul Goude; des locomotives qui sont chez nous depuis longtemps comme Didier Kerbrat, Frédéric Potier, Jean-Pierre Roux ou Christian Lyngbye; des produits Pac comme Jean-Baptiste Léonetti ou Olivier Dahan.»Alain Bernard a beau se féliciter de la bonne santé de La Pac, il ne peut pas s'empêcher d'avoir le blues.«Les producteurs sont piétinés sur les coûts, certaines agences françaises vont se nourrir de réalisateurs à l'étranger pour faire plus chic et notre apport créatif n'est pas payé à sa juste valeur.»Au risque de remuer le couteau dans la plaie, on peut aussi souligner qu'Evian n'a pas reconduit la maison de production pour la campagne qui succédera au mémorable ballet des bébés.->Franco-AmericanEn 1999, Jacques Arnaud, de Franco-American, a retrouvé«son ami de trente ans», Jean-Jacques Annaud, avec qui il avait produit des films mémorables pour Kelton et Hertz. Le réalisateur a renoué avec la publicité après quatorze ans d'absence pour deux spots Perrier à grand spectacle, «Les momies» et «Les taggueurs», ce dernier librement inspiré deLa Guerre du feu. Il évite cependant de revendiquer ce film en raison d'un différend avec l'annonceur au sujet du montage.«Jean-Jacques Annaud est proche de mon coeur depuis toujours, affirme Jacques Arnaud.J'attends qu'il ait fini de tourner son film sur la bataille de Stalingrad pour refaire des publicités avec lui.»Parmi les découvertes récentes de la Franco, Jacques Arnaud distingue Pascal Forneri, réalisateur pour la SNCF et Carambar; Yann Malka, un Français établi à Madrid qui vient de signer sa première publicité pour Andros; Juan Solanas, l'un des 50réalisateurs choisis par l'Association des paralysés de France; et l'Autrichienne Marieli Frölich. Sur la cinquantaine de campagnes produites l'an dernier, il retient aussi Charles Gervais et la Blanche Neige de Nescafé, réalisés par Vincent Debrusse; Eads (ex-Aerospatiale) de Victor Dietrich; et CanalSatellite avec Zidane, par Philippe Borrel.«Le marché est suffisamment porteur depuis deux ou trois ans pour donner des opportunités à de nouveaux réalisateurs,estime Jacques Arnaud.Mais il faut leur laisser le temps de faire leur métier. On ne leur donne pas toujours l'opportunité de développer leur carrière.»->TélémaCharles Gassot, le patron de Téléma, est un homme optimiste. Alors qu'il pourrait regretter d'avoir manqué de peu le Grand Prix Stratégies pour «Le chasseur» de Visual, avec Enjoy Scher Lafarge, il préfère considérer qu'au moins,«nous sommes présents au plus haut niveau». Du coup, celui qui espère être parmi les deux meilleures maisons de production françaises à la fin de l'année décerne la palme de réalisateurs de l'année à Seb et Simon, les auteurs du spot controversé. Le duo a apporté sa touche particulière à la campagne Multimania première mouture («Les adopteurs de thon», «Les adorateurs du poireau»), à Ola et aux prochains films Visual. Et puis, s'ils sont passés à côté du Grand Prix Stratégies, ils ont quand même récolté le premier prix télévision au Club des directeurs artistiques, en attendant, qui sait, le verdict de Cannes. Téléma croit tellement en eux qu'elle leur a confié la réalisation de son nouveau site Internet. Juste derrière Seb et Simon, Charles Gassot place un autre duo qui monte, les Anglais de Snack. On a pu les voir à l'oeuvre dans le film pour le Crédit lyonnais qui débute comme une séquence deMicrocosmos.«Ils iront très loin et très vite», prédit Charles Gassot. Le producteur ne veut pas passer sous silence ses autres talents maison, souvent déjà confirmés au cinéma, les Laurent Bouhnik, Marion Vernoux, Emmanuelle Bercot, mis à contribution pour les courts métrages sur la drogue. Et bien sûr Patrice Chéreau et Étienne Chatiliez, dont il produit les prochains longs métrages.->Les ProducersEntre Kasper et Martin, son coeur balance. François Chilot ne sait qui choisir entre ces deux Danois «attachants», Kasper Wedendahl et Martin Werner, qui ont sévi pour les campagnes Tele2.«Ils sont un peu frères de lait,raconte le Pdg des Producers.Ils se connaissent depuis dix ans, ils ont le même âge, la même formation, le même sens de l'humour, même si Kasper est plus caricatural et Martin plus naturaliste.»François Chilot s'est enthousiasmé pour un spot C&A réalisé par Kasper Wedendahl et a aussitôt sauté dans un avion pour le rencontrer à Copenhague. Celui-ci l'a présenté par la suite à Martin Werner.«Ils ont une vraie compréhension du métier,poursuit François Chilot.Ils savent exactement ce qu'ils veulent, ce qui n'est pas le cas de tous les réalisateurs. En même temps, ils font toujours des étincelles au moment du tournage. Ils parviennent à créer une alchimie avec les comédiens car ils font des castings très pointus.»Pour le producteur, il y a réellement «un ton danois».«Leur humour est plus optimiste que celui des Suédois, plus grinçant», note-t-il. Allusion à Roy Andersson, son vieux complice qu'il espère bien convaincre de revenir à la publicité après ses quatre années passées sur le long métrageSongs from the second floor, couronné d'un prix du jury lors du Festival de Cannes. François Chilot n'oublie pas non plus les petits Français David et Raphaël Vital-Durand, lauréats d'un prix au Club des directeurs artistiques pour Bic et qui viennent de tourner une grosse production pour Vinci avec Euro RSCG BETC.->Partizan Midi MinuitGeorges Bermann ne veut pas l'avouer pour ne pas vexer ses autres recrues, mais son réalisateur de l'année s'appelle Antoine Bardou Jacquet. Le jeune virtuose s'est fait remarquer avec le clip tout en typo de «The Child» d'Alex Gopher, lauréat du Grand prix du Club des directeurs artistiques, et vient de réaliser la campagne Noos pour DDB. Parmi la nouvelle génération de réalisateurs dénichée par le Pdg de Partizan Midi Minuit, il représente la relève la plus sérieuse de Quentin Dupieux, la révélation des spots Levi's. Il est bien entouré: Georges Bermann vient de recruter d'autres talents prometteurs comme Alex&Martin, eux aussi couronnés au Club des DA pour un clip de Cassius; Geoffroy de Crécy, spécialiste de la 3D; les Anglais Vito Rocco et Nick Galitzine, ainsi que l'Américain Evan Bernard. Mais Georges Bermann a la tête ailleurs. Il ne jure plus que par sa filiale aux États-Unis, qui a vraiment décollé l'année dernière. «Nos bureaux de New York et de Los Angeles sont maintenant quatre fois plus gros que ceux de Paris et de Londres. Nous entrons dans la cour des grands», s'enorgueillit le producteur. Concrètement, les 500millions de francs de chiffre d'affaires de la société sont réalisés pour moitié aux États-Unis. Partizan Midi Minuit a produit de grosses campagnes «qui devraient se voir à Cannes», assure Georges Bermann, comme Taco Bell, Seven Up, Bud Light, Snickers, Microsoft, Playstation, Gap, MTV... En Europe, Partizan n'a pas eu à rougir, avec les films Air France, Xsara Picasso, Levi's, Babybel, Malibu... Côté intendance, le bureau de Paris a déménagé rue Vivienne, en emmenant un petit souvenir de ses anciens locaux: des carrés de moquette bleue, signés des réalisateurs maison.->1/33Chez 1/33, le chouchou de l'année s'appelle Neil Harris. Cet Anglais de trente-trois ans a fait merveille avec les fourmis rouges de Kléio, les vigiles hilares de Free, le policier et le docteur méfiants de Volkswagen, la saga 9Telecom et Mikado. Ce dernier film, avec son quiproquo autour d'une photocopieuse, semble d'ailleurs avoir de sérieuses chances à Cannes. Richard Jacobs, le Pdg de 1/33, a déniché Neil Harris, il y a un an, chez des confrères anglais et, au vu de ses quelques réalisations, a aussitôt décidé de l'engager. «C'est une vraie découverte que l'on a vu exploser en une saison,se réjouit le producteur.Neil met son sens tout britannique du casting au service des créations françaises. Il a une vraie cote d'amour auprès des agences et c'est en plus un vrai plaisir de travailler avec lui.» Parmi la vingtaine de réalisateurs français, anglais, scandinaves ou américains représentés par 1/33, le producteur peut aussi se vanter d'avoir signé en exclusivité avec le duo Ich&Kar, les réalisateurs des deux films Kiss Cool («C'est frais mais c'est pas grave»). «Ils sont considérés comme des graphistes mais ce ne sont pas seulement des spécialistes des effets spéciaux,souligne Richard Jacobs.Ils sont prêts à mettre leur talent au service de tous les types de films.» Plusieurs projets sont en cours. Idem avec Stéphane Glikou, un ancien publicitaire «plein d'humour» qui vient de réaliser la campagne McCain. 1/33 produit une cinquantaine de campagnes par an, pour un chiffre d'affaires de 80millions de francs.->TorerosChez Toreros, 18millions de francs de chiffre d'affaires pour une quinzaine de films par an, Tony Kaye tient toujours la vedette. En pleine préparation d'un second long métrage, après un premier très remarqué,American History X, le réalisateur a un peu moins de temps à consacrer à la publicité française. Tout juste a-t-il tourné deux spots pour SFR. Plutôt intimistes -on y voyait un couple à la campagne et un autre absorbé dans une conversation silencieuse -, ils tranchaient avec les films spectaculaires auxquels il nous avait habitués. «Tony Kaye a été l'un des premiers à faire des films colorisés ou à effets spéciaux,rappelle Marie Calderon, l'une des co-gérantes de Toreros avec Michèle Arnould.Aujourd'hui, il veut passer à autre chose. Il est plus intéressé par le réalisme et la direction d'acteurs.» Mais Toreros a d'autres talents dans son écurie. Thierry Dupetit, également représenté par 1/33, s'est fait remarquer avec les films pour les Travaux publics et les champignons de Paris. «Il est en train de tourner un film rigolo pour Albal et DDB chez les Inuits,précise Michèle Arnould.Nous y croyons beaucoup.» L'humour british de Darren Statman a fait mouche dans le spot Carglass. Juan Solanas, en co-exclusivité avec Franco-American, et l'ancien photographe Toru Tokikawa concilient images léchées et ton de comédie. Les deux productrices de Toreros ont maintenant des projets de cinéma: Michèle Arnould produira le premier film de Delphine Quentin, la fille de Florence, scénariste de Chatiliez.->TSFEt si le réalisateur vedette de TSF était le réalisateur de l'année tout court? Michel Hazanavicius, Haza pour les intimes, n'arrête plus de tourner depuis son Lion d'argent à Cannes, l'année dernière, pour le film «Le rideau» d'Air Liberté. Christiane Bouffort, la TV producer de BDDP&Fils, avait adoré son premier court-métrage. Depuis, toutes les agences qui veulent donner un ton de comédie à leurs publicités lui envoient leurs boards. Ce qui ne veut pas dire qu'il les accepte tous. L'année dernière, Michel Hazanavicius a apporté sa drôlerie irrésistible aux films Chronopost pour Alice, Reebok pour Challenger House, Ola pour BDDP@TBWA, et, dernièrement, Spot de Bouygues Telecom (DDB), Sodebo (Challenger House) et Télé 7Jours (Australie). Déjà auteur d'un premier long-métrage et actuellement en train d'en préparer un second - une comédie, bien sûr -, Michel Hazanavicius soigne particulièrement le casting et la direction d'acteurs. Pour Air Liberté, il a fait répéter chaque geste et chaque expression à l'hôtesse de l'air avant de tourner. Pour autant, TSF ne se confond pas avec ce seul réalisateur. François Ruggieri, le responsable de la maison de production, a tourné pour Afflelou et Fitness de Nestlé, Chris Nahon pour Multimania, Jérôme Rivière pour l'Association des paralysés de France, Jérôme Cornuaud pour Toyota. François Ruggieri croit aussi beaucoup en son nouveau poulain, Guillaume Couret. TSF a produit une trentaine de campagnes depuis un an et compte réaliser un chiffre d'affaires de 50millions de francs cette année.->Ninety NinePetit poucet de la publicité, Ninety Nine n'a produit que cinq films jusqu'à présent. Et pour cause: spécialisée dans les clips, de NTM à Janet Jackson, la maison de production n'a qu'un an d'expérience dans la publicité. Mais l'un de ses fondateurs, Arezki Ahcene, est persuadé qu'elle peut s'y faire une place. «Le marché est très ouvert, on assiste à l'émergence de la vidéo, du graphisme, de la 3D, qui renouvellent les manières d'appréhender l'image,analyse-t-il.Les clips sont l'antichambre de ces nouveaux modes d'expression. Les annonceurs qui ont des cibles jeunes, comme les jeux vidéos ou les scooters, par exemple, peuvent être intéressés par ce langage. Dommage que les agences privilégient encore des modes de production plus classiques. Elles préfèreront toujours un réalisateur de clips qui a déjà fait des pubs.» En un an, Ninety Nine a tout de même réussi à convaincre CanalSatellite, Paco Rabanne pour le lancement d'Ultraviolet, Prince de Lu, Isotoner et Infogrames pour le jeu Ronaldo. Dans le vivier des réalisateurs maison, Arezki Ahcene croit beaucoup en Seb Caudron, surnommé «P'tit Seb» par opposition au «grand» Seb Janiak, connu pour ses photos de mode et ses clips. «Pour moi, c'est le meilleur flamiste[spécialiste du logiciel de trucages Flame]français,assure-t-il.Les Américains se l'arrachent. Il fait partie de ces jeunes réalisateurs qui ont intégré de nouveaux outils, qui ont des méthodes de travail innovantes.» Auteur d'une foultitude d'effets spéciaux pour la publicité et le cinéma, Seb Caudron planche sur un film tout en 3D pour le prochain Salon mondial de l'automobile.