Jean-Marie Messier & Co

Description

Quel est le rôle de la communication, sinon de donner du rêve qui devient parfois réalité?» C'était il y a deux ans. Jean-Messier commentait le choix de L'Homme de l'année 1998 deStratégies,qui s'était porté sur l'entraîneur Aimé Jacquet. Cette jolie définition, le président de Vivendi peut la reprendre cette année à son compte. En rachetant le pôle médias de Seagram et les célèbres studios hollywoodiens d'Universal, le nouveau numéro deux mondial de la communication a visiblement fait rêver les professionnels interrogés par Ipsos: près de 30% d'entre eux lui ont donné leur voix, le sacrant Homme de l'année 2000 deStratégies.Après tout, Vivendi rachetant Universal, c'est un peu l'équipe de France de football qui bat le Brésil 3-0 en finale de la Coupe du monde! Pour les professionnels, Jean-Marie Messier est celui dont la stratégie a créé cette année le plus de valeur pour son entreprise. À la faveur de son deal planétaire, cet ancien conseiller d'Édouard Balladur a gagné ses galons de grand patron. Il succède à Daniel Bernard, président de Carrefour, consacré l'an passé pour la fusion Carrefour-Promodès.Convergence des métiers de la communicationJean-Marie Messier a devancé Michel Bon, son homologue de France Télécom. Ce n'est pas un hasard. L'année 2000 fut surtout celle des nouvelles technologies de l'information, de la convergence entre tous les métiers de la communication, pour reprendre un mot à la mode. À la tête d'une multinationale qui rayonne désormais sur la télévision, Internet, l'édition, la presse, ou le cinéma, Jean-Marie Messier a surtout eu le mérite de faire oublier, comme Michel Bon, qu'ils dirigeaient tous deux des entreprises anciennes, issues de la «vieille économie». Ce n'est d'ailleurs pas la moindre des difficultés qu'ils ont à gérer en communication interne: les salariés du pôle environnement de Vivendi, un métier «historique» hérité de l'ancienne Générale des eaux, se sentent parfois un peu oubliés... Mais c'est ainsi: l'avenir, le troisième millénaire, appartiendra à ceux qui n'hésiteront pas à remettre en cause des schémas établis, semblent dire les professionnels interrogés par Ipsos. Appelés à juger dans un premier temps la stratégie des entreprises (lire pages suivantes), ils ont ainsi sacré celles de France Télécom et de Renault chez les annonceurs, de Vivendi et de TF1 dans les médias, de Publicis, d'Havas Advertising et de Carat dans le conseil, d'iBazar et de la Fnac dans le multimédia... Chez Publicis, Maurice Lévy voit sa stratégie recueillir le meilleur score, tous secteurs confondus. Un coup de chapeau des professionnels que le président du directoire de Publicis, récemment élu meilleur chef de grande entreprise par le mensuel économiqueChallenges,n'arrive pas à transformer dans l'étape suivante, l'élection de L'Homme de l'année. Seule satisfaction dans la course à la mondialisation qu'il se livre avec son homologue d'Havas Advertising, Alain de Pouzilhac, il le précède une nouvelle fois dans le coeur des professionnels... Du côté d'Internet, saluons surtout la performance d'iBazar et de Boursorama, deux start-up qui n'en sont plus. En revanche, les professionnels de la communication n'ont visiblement pas oublié les aléas boursiers, même anciens, de Serge Tchuruk, le patron d'Alcatel, pourtant sacré la semaine dernière Manager de l'année duNouvel Économiste.C'est aussi tout l'intérêt de ce sondage Ipsos-Stratégies: il fonctionne comme un très bon baromètre, démocratique aussi, d'image des personnalités de la communication. Au-delà du Jean-Marie Messier chef d'entreprise, le J6M communicant passe donc très bien. Après tout, c'est aussi cela, le métier d'un patron en l'an 2000.