Les lieux publics
Stéphane Santana. « Observer, écouter, c’est une base super importante si tu veux être créatif. Au restaurant ou en terrasse, j’adore écouter les conversations, c’est hyper intéressant. Tu captes une discussion et là, tu te prends au jeu : imaginer et compléter les blancs quant tu n’as pas réussi à tout entendre. Observer, c’est faire fonctionner son imagination. »
Benjamin Dessagne. « On n’est pas dans une démarche d’observation active où tu analyses les gens, c’est de l’interaction de tous les jours. Tu mémorises ces rencontres ou des situations vécues qui resurgissent plus tard dans ton travail. »
La paternité
SS. « J’ai développé une autre sensibilité et je suis réceptif à d’autres émotions, depuis que je suis devenu père. La paternité permet de développer une nouvelle vision qui impacte ton métier. Je vais plus facilement vers des moments émotionnels. Il y a des films que je trouvais nuls mais qui maintenant me touchent. »
BD. « J’ai vécu ce même sentiment. Je ne peux plus regarder des films avec des scènes où les enfants sont maltraités. La paternité ajoute une nouvelle dimension à ta personnalité. Quand j’ai commencé ce métier, je n’avais pas tout ce vécu. »
Du rap au rock
SS. « Des artistes constituent des inspirations au niveau de la démarche. Tu arrives à trouver des points communs entre son travail et le tien. En création, il y a des choix à faire, parfois même des partis pris radicaux à adopter. Je pense par exemple à Jack White. Il a choisi de travailler avec un groupe restreint avec une batteuse, un guitariste, et un enregistrement 100% analogique sans numérique. C’est un choix fort. »
BD. « Moi, depuis le début des années 90, j’écoute du rap français. On y trouve un art de la punchline qu’on retrouve dans notre métier. Je suis réceptif à la belle métaphore que tu ne vois pas venir. En quelques mots, tu arrives à marquer les gens. »
La photographie
SS. « J’ai été voir l’exposition La boîte de Pandore par le photographe Jan Dibbets. Dans une salle, on peut visionner son interview, où quelque chose m’a profondément marqué. Jan Dibbets évoque un philosophe, Vilém Flusser, et son livre Pour une philosophie de la photographie. Il explique que l’être humain devient esclave de l’outil, que chacun finit par reproduire la même chose. Je n’ai pas touché d’appareil photo pendant deux, trois mois, par la suite. »
BD. « Il faut se prémunir de l'inversion du processus de créativité. Parfois, au lieu de partir d’une idée, on part de l’outil technique. Or, c’est l’idée qui est primordiale, l’outil doit s’adapter à la créativité. Un réseau social comme Instagram ne te fait pas devenir un artiste. Il n’est qu’un moyen de transmission. »