Nommée à la tête de la French Tech, Clara Chappaz, venue de Vestiaire Collective, veut mettre à profit son parcours accéléré pour permettre à l’écosystème tricolore de franchir un cap.
Nul n’est prophète en son pays. Exception faite de Clara Chappaz ? À 32 ans, l’ex-chief business officer de Vestiaire Collective, plateforme internationale de vente en ligne de produits de luxe de seconde main, fait mentir l’adage. En cause : sa nomination à la tête de la Mission French Tech pour les trois années à venir. « Un honneur », assure la première intéressée qui, adoubée par Cédric O, secrétaire d'État au Numérique, succède à Kat Borlongan et doit permettre à la tech française de se tailler une place à la hauteur des ambitions de l’exécutif. Et si les derniers mois entérinent la vigueur de l’écosystème - trois nouvelles licornes ont émergé depuis le début de l’année avec Payfit, Ankorstore et Qonto -, hors de question de s’en satisfaire. « C’est une bonne nouvelle qui confirme le dynamisme actuel après les 11 licornes apparues rien qu’en 2021 », explique celle qui se fixe trois axes de travail prioritaires.
Outre le « passage à l’échelle » et la « massification » nécessaires pour concurrencer les acteurs majeurs, Clara Chappaz entend favoriser les « innovations de rupture » et la « décentralisation » d’un secteur manquant cruellement de diversité. « Les chiffres sont éloquents avec par exemple 70% de diplômés de grandes écoles et 80% des investissements qui se font à Paris. L’idée est de faire en sorte que le monde de demain ne ressemble pas à celui d’hier », pointe-t-elle avec le sourire pincé de celle qui préfère agir que parler. On l’aura compris, Clara Chappaz vit par et pour la tech.
Au nom du père.
Issue d’une famille dont la figure paternelle - Pierre Chappaz - n’est autre que le cofondateur de Teads, elle grandit dans un environnement préservé. Plus précisément à Larchant, village situé aux confins de la forêt de Fontainebleau, où elle jongle jusqu’à ses études entre une existence studieuse et la pratique régulière de l’escalade. « À l’époque, cet éloignement n’était pas toujours facile à accepter. C’est probablement de là que vient ma curiosité et mon goût du voyage », analyse celle qui parle aujourd’hui cinq langues. Après une classe préparatoire au lycée Saint-Louis à Paris, elle intègre l’Essec et s’ouvre rapidement les portes de l’international.
À débuter par le Japon puis Hong Kong dans le cadre d’un VIE chez Pernod Ricard. Suivent Bangkok et Singapour. Elle y fait notamment la rencontre, au sein de Global Fashion Group, de Jose Ojeda, qui loue ses qualités. « Clara est à la fois dynamique et résiliente. Elle a aussi une capacité naturelle à attirer et développer les meilleures équipes. À cela s’ajoutent sa curiosité et sa capacité d'apprentissage hors normes », détaille le cofondateur de 011h. Même écho élogieux chez Maximilian Bittner, son ex-CEO à Vestiaire Collective. « Son parcours extrêmement éclectique, en Asie mais aussi aux États-Unis et en Europe, lui a permis d’ordonner toutes les pièces du puzzle en dépit de son âge », brosse-t-il. Un « leader par l’exemple » qui fait consensus, y compris au sein de ses propres frontières.