Le PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, Pierre Louette, tire le bilan de ses deux années à la tête l’Alliance de la presse d’information générale et fait le point sur son groupe.
- L’extension des droits voisins
Lorsqu’il regarde dans le rétroviseur de ses deux années de mandat à la tête de l’Apig (Alliance de la presse d’information générale), Pierre Louette, PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, voit les mots « droits voisins » s’inscrire en lettres capitales. Capitales comme le combat qu’il a mené contre les Gafa pour que ces derniers rétribuent justement les journaux (presse quotidienne nationale, régionale, départementale et hebdomadaire régionale) de l’Apig. Ces géants les ont trop longtemps spoliés de leurs contenus. Si l’accord-cadre signé avec Facebook et Google a permis aux éditeurs de négocier une rétribution minimum garantie y compris pour les petits éditeurs, reste à faire de même avec Microsoft, Twitter et Twitch, comme il l’a expliqué à l’Association des journalistes médias. Cela sera l’une des tâches de Philippe Carli qui va lui succéder. « On doit continuer à rassembler plus largement et être solidaires car on est face à des interlocuteurs qui sont des géants », souligne-t-il. Reste le sujet des droits voisins versés aux journalistes, que seul l’AFP a ratifié.
- L’urgence des États généraux du droit à l’information
Le dossier « presse » est sur le bureau de la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak. Elle est chargée de l’organisation des États généraux du droit à l'information voulus par le président de la République. Le contexte est tendu avec un plan de subvention « filière presse » qui arrive à son terme au 31 décembre, des crédits d’impôts pour les abonnements qui n’ont pas rencontré leur public et un pass culture qui ne sert pas la presse. « En cette période de guerre économique, il est important de se pencher sur ce secteur industriel qui se transforme sur fond de flambée du prix du papier, de l’énergie et sur fond de problématique de la pollution numérique. Les éditeurs redoutent une nouvelle augmentation de 40 % à 50 % du prix du papier en 2023 voire un doublement », s’inquiète le PDG. Des éditeurs qui étudient toutes les options : grammages, formats, pagination, selon Pierre Louette. Jusqu’aux locaux. « Dans notre groupe, le passage en flex-office nous a permis de libérer deux étages de notre bâtiment pour les sous-louer ».
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- Un groupe qui a fait une quinzaine d’acquisitions
Interrogé sur les 65 millions réinvestis par Bernard Arnault dans Le Parisien cet été, Pierre Louette les justifie « par un plan de transformation numérique et de restructuration qui perdure. Quand je suis arrivé, le portefeuille d’abonnés numériques était de 5 000. Il est aujourd’hui de 75 000. Nous avons peu de dettes mais nous faisons des recapitalisations ». Le groupe poursuit ses acquisitions « une quinzaine en trois ans, pour renforcer nos points forts autour de la presse financière (Boursier.com, Mieux Vivre votre Argent), de la musique classique (Mezzo et Medici.tv), des contenus artistiques (Citadelles et Mazenod), des salons (ChangeNow) et récemment, des informations confidentielles avec le rachat de WanSquare et La Lettre de l’Expansion ». En revanche, concernant un possible rachat à Lagardère du JDD et de Paris Match, Pierre Louette n’a souhaité faire aucun commentaire. Il n’exclut pas de proposer dans les prochaines semaines un nouvel « écosystème » sur la transition écologique.