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L’éviction de Bruno Jeudy, le numéro 3 du journal Paris Match, alarme la rédaction. Le 22 août, elle a voté à 97% une motion de défiance contre la direction, y voyant le signe de l’arrivée du nouvel actionnaire majoritaire, Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré.

La méthode est radicale. Bruno Jeudy, rédacteur en chef politique et économique de Paris Match, présent depuis 2014, aurait été remercié en 12 minutes. Son tort officieux ? Avoir envoyé le 4 juillet de sa boîte mail, un message écrit de concert avec les autres rédacteurs en chef, et destiné à Constance Benqué, présidente de Lagardère News (Paris Match, Le JDD et Europe 1) et à Arnaud Lagardère, PDG du groupe Lagardère. Patrick Mahé et Caroline Mangez, les numéros 1 et 2 du magazine, étaient en copie.

Le texte dénonçait l’idée de mettre en une le très conservateur cardinal Sarah, inconnu du grand public. « En l’envoyant à Constance Benqué et Arnaud Lagardère, ils ont acté que ce n’était pas la direction qui décidait de cette couverture mais l’actionnaire », nous assure un proche du dossier en off. En filigrane se dessine le visage de Vincent Bolloré dont la sensibilité catholique très droitière affleure désormais jusque sur C8 et Europe 1. Mais personne n’ose prendre la parole, salariés comme instances représentatives, jusqu’à la Société des journalistes. « La direction nous reproche de retrouver dans la presse leurs propos alors nous avons décidé de ne plus parler », déclare un intéressé.

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C’est là l’efficacité redoutable de ce management qui avait déjà ciblé les dirigeants de Canal+ en 2015. Et abouti à virer en quelques minutes les insoumis, y compris haut gradés, tout en semant ainsi « un climat de terreur » selon une autre voix interne. L’effet est d’autant plus spectaculaire que Bruno Jeudy est un journaliste apprécié de toutes les rédactions où il est passé, du Parisien au JDD. « Il est bienveillant et était le seul paravent aux méthodes managériales brutales qui ont été en cours à Match depuis l’ère Hervé Gattegno [fin 2019-fin2021] », indique un autre salarié. Il avait assuré aux inquiets avant ses congés : « Je serai là à la rentrée ».

Officiellement, le groupe Lagardère lui reproche d’avoir accepté d’intervenir sur BFMTV sans avoir demandé l’autorisation à sa direction. Il est pourtant sur cette antenne depuis... 2016. « Il s’agit d’un plateau de 45 minutes à midi, alors que les locaux de BFMTV sont tout près et que la direction ne lui a jamais demandé de choisir entre les deux médias. Et il a toujours assuré que sa priorité était Paris Match », souligne un salarié. « Ils voulaient qu’il cesse sa collaboration avec BFMTV pour aller sur CNews qui fait partie du groupe Bolloré ». Autant d’informations impossibles à confirmer.

La direction a refusé nos sollicitations comme Bruno Jeudy, dont la négociation de départ est assortie d’une clause de confidentialité, comme pour les cadres de Canal+ ou les salariés partis à l’été 2021 d’Europe 1. Une motion de défiance à l’égard de la direction avec 60 voix pour, 2 contre et 8 blancs, sur un total de 78 inscrits à la société des journalistes, a été votée, dénonçant « l’arbitraire et la brutalité des pratiques managériales ». « Nous considérons que l’avenir de Paris Match est menacé et ce, dans le contexte de la prise de contrôle du groupe Lagardère, propriétaire de Paris Match, par le groupe Vivendi et son actionnaire de référence, le groupe Bolloré. », déplore la SDJ.

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