Auparavant perçues comme expérimentales, les technologies d’audio immersif connaissent un essor sans précédent, avec une structuration des acteurs sur ce marché du son 3D.
Reproduire les déplacements du son dans l’espace, telle est l’ambition des technologies d’audio immersif, qui visent à immerger les auditeurs dans un environnement sonore. Depuis 2019, les annonces des plateformes de streaming musical se multiplient, d’Apple Music à Amazon Music en passant par Deezer ou Tidal, et contribuent à populariser les formats Dolby Atmos de Dolby Laboratories et 360 Reality Audio de Sony. De son côté, le groupe Meta planche sur le sujet pour son projet de métavers. Quant à Clubhouse, le réseau social a signé cet été avec la start-up High Fidelity pour rendre la perception des conversations plus naturelle, en disposant les locuteurs dans l’espace afin d’augmenter l’expérience utilisateur.
Performances live
« Quand vous entendez rire tout autour de vous, cela ressemble beaucoup à une expérience de comedy club », illustre Justin Uberti, directeur du streaming de Clubhouse, dans un billet de blog. Il envisage également cette technologie de son 3D pour l’ASMR, une méthode de relaxation qui joue sur les sensations et utilise la perception droite/gauche des auditeurs grâce à l’enregistrement « binaural ».
Côté événementiel, la société française L-Acoustics fait figure de référence avec sa solution L-ISA, proposée depuis 2016 pour les performances en live et déployée pour Céline Dion, Katy Perry, Aerosmith ou encore Michael Bublé. Outre la promesse d’immersion dans la musique, « L-ISA permet de modifier l’ambiance acoustique d’un lieu en réduisant ou en agrandissant virtuellement la taille d’une pièce », explique Guillaume Le Nost, l’un de ses directeurs exécutifs.
L-Accoustic a équipé le World Resorts de Las Vegas et le Puy du Fou en Espagne, a créé l’ambiance sonore de l’Antartic Dome à Coachella en 2017 ou encore celle de la bulle du défilé Alexander McQueen en octobre 2021 à Londres. Toujours en France, Ircam Amplify, rattaché au Centre Pompidou, commercialise depuis sa création en 2020 une solution baptisée « Spat » pour immerger l’auditeur en s’affranchissant de la géométrie du lieu. La particularité de Spat est qu’elle peut rendre « ambisonique » n’importe quel contenu audio, là où Dolby Atmos nécessite un remix.
Alors que les applications musicales et artistiques sont évidentes, Nicolas Pingnelain, head of sales d’Ircam Amplify, assure que « le son immersif est un élément clé pour faire vivre une expérience vibratoire en point de vente ». Un avis partagé par Mathieu Rossier, président-fondateur Des Sons Animés, studio qui a notamment réalisé plusieurs installations pour Cartier, à Paris en 2020 et à Hong Kong en 2021. Si pour l’heure les acteurs du luxe et de la tech sont les premiers clients, Mathieu Rossier estime que « n’importe quelle marque qui cherche à augmenter l’émotion, l’adhésion et le souvenir peut faire appel à la spatialisation 3D. »