Après la mort de son roi Michel Bouquet en avril et deux ans de marasme dû au Covid, le théâtre français célèbre sa fête lors de la cérémonie des Molières ce lundi soir, malgré une polémique avec le collectif contre les violences sexuelles #MeTooThéâtre.
Organisés sans public en 2020 puis carrément annulés l'an passée à cause du Covid-19, les Molières seront retransmis sur France 3 à partir de 21H10 ce lundi 30 mai, depuis les Folies Bergère à Paris. La soirée sera présentée par l'humoriste Alex Vizorek.
Des stars comme Isabelle Huppert, Vanessa Paradis, Laetitia Casta, Pierre Arditi, Jacques Weber ou la metteuse en scène Ariane Mnouchkine figurent parmi les nommés de cette 33e édition. Elle a été rebaptisée « 400e cérémonie des Molières » pour marquer le 400e anniversaire de l'auteur du « Bourgeois gentilhomme ».
« On veut que ce soit de la joie et une fête. On a été très abattus pendant deux ans car on n'a pas pu faire notre métier, maintenant le public revient, on est en train de renaître, on est heureux », a déclaré à l'AFP Jean-Marc Dumontet, producteur à la tête de plusieurs théâtres parisiens et président des Molières.
Cette fête a toutefois été précédée d'une polémique avec le collectif #MeTooThéâtre, créé l'an dernier pour dénoncer les violences sexuelles dans ce milieu.
A l'origine de ce mouvement, la blogueuse Marie Coquille-Chambel a accusé samedi la direction des Molières d'avoir « censuré » le texte qu'elle et une autre militante auraient dû lire sur scène. Le collectif a appelé à un rassemblement de protestation lundi à 19H30 devant les Folies Bergère.
De son côté, Jean-Marc Dumontet rejette l'accusation de censure, en soulignant que ce sont les Molières qui avaient initialement invité le collectif à venir s'exprimer.
Mais selon lui, le texte proposé ne correspondait pas à l'accord conclu entre les deux parties.
Hommage au « roi »
En vertu de cet accord, cette prise de parole devait « éviter l'évocation de cas particuliers », a-t-il expliqué. En outre, elle devait être « centrée autour d'une proposition », à savoir « la mise en place d'un référent sur les agressions sexuelles dans chaque théâtre ou compagnie ».
Transmis « très en retard » aux organisateurs, le texte du collectif « n'apportait pas de propositions », abordait « un exemple personnel » et « dénonçait la présence de violeurs dans la salle, ce qui est une assertion totalement gratuite », a poursuivi Jean-Marc Dumontet.
Selon lui, Marie Coquille-Chambel n'a pas répondu aux relances de l'organisation dans la journée de samedi, et a « préféré s'exprimer sur ses réseaux sociaux dans la soirée ».
Pour sa part, cette dernière a fustigé « le bâillonnement des militantes féministes », dans un billet de blog mis en ligne samedi soir.
« Personne ne nous dictera le ton ni le contenu de notre parole. C'est pour cette raison que nous avons décidé de ne pas être présentes aux Molières », a-t-elle fait valoir en reproduisant le texte au centre du litige.
Après l'annulation de cette intervention, Jean-Marc Dumontet a indiqué qu'il comptait programmer une prise de parole sur la création, dans les théâtres, d'un poste de référent sur les agressions sexuelles, idée qu'il juge « excellente ».
Au-delà de cette polémique, le patron des Molières promet « un hommage fort à Michel Bouquet ».
Cette figure tutélaire du théâtre et du cinéma français, qui avait joué pas moins de 800 fois « Le roi se meurt » d'Ionesco, est morte le 13 avril à 96 ans, et a eu droit à un hommage national aux Invalides.