Avec plus de 60 millions de téléchargements et près de 180 millions de dollars (171 millions d’euros) de recettes depuis fin octobre, l’adaptation en jeu mobile des cartes Pokémon connaît un succès mondial.

Après Pokémon Go, place à « Pokémon Trading Card Game Pocket ». Sorti le 30 octobre, le jeu se présente comme une déclinaison virtuelle des cartes à jouer qui hantent les cours de récré depuis la fin des années 90, alliant ouverture de « boosters » (paquets de cartes scellés), collection de créatures et combats en ligne.

Le jeu de la « Pokémon Company », filiale de Nintendo détentrice de la marque, affiche « l’une des performances les plus élevées de tous les temps pour un jeu mobile », note auprès de l’AFP Sam Aune, analyste au cabinet spécialisé Sensor Tower, avec « 180 millions de dollars » générés par les boutiques d’applications d’Apple et Google en un mois et demi.

Développé par le studio japonais Creatures Inc., « Pokémon TCG Pocket » se classe à la deuxième place des jeux mobiles ayant dégagé le plus de revenus sur son premier mois d’exploitation, seulement devancé par une autre réalisation de Pikachu et sa bande : « Pokémon Go ». Le phénomène mondial de 2016, qui a poussé des dizaines de millions de joueurs à sortir de chez eux pour chasser des créatures virtuelles, avait généré plus de 200 millions de dollars de recettes sur la même période.

S’il est téléchargeable gratuitement, « Pokémon TCG Pocket » adopte le modèle économique du « free-to-play », à savoir que le joueur est ensuite incité à dépenser de l’argent dans l’application pour obtenir plus de cartes.

« Synergie »

« Depuis qu’il est sorti, j’ai dû dépenser 70 euros », confie à l’AFP Sacha Bernard, 33 ans, dont une dizaine d’euros par mois pour un abonnement lui permettant de débloquer des « boosters » supplémentaires. « C’est vraiment la première fois qu’un jeu mobile me fait dépenser une somme comme ça. » S’il avoue s’être laissé tenter par « nostalgie », ce professeur documentaliste à Créteil (banlieue parisienne) se réjouit du format « court et rapide » des parties que propose la version mobile.

Au-delà de la renommée mondiale des créatures créées dans les années 90 par Nintendo, le jeu bénéficie surtout d’une « très forte synergie » avec la version physique du jeu de cartes « populaire depuis des décennies », affirme l’expert de Sensor Tower. Pour autant, ce n’est pas le premier jeu vidéo à transposer virtuellement l’univers des cartes Pokémon : un titre Game Boy Color a vu le jour en Europe en 2000, lancé en parallèle de la version papier, puis un autre sur ordinateur au début des années 2010.

Réseaux sociaux

Popularisé dans les années 90, le concept des cartes à jouer et à collectionner a depuis été décliné dans bon nombre de jeux vidéo. Du « Gwent » de « The Witcher III » à « Hearthstone », issue de l’univers fantastique de Warcraft, le jeu de cartes a su faire sa place dans le coeur des gamers.

Mais en reprenant les codes du jeu de cartes physique, Pokémon TCG Pocket « a très efficacement transposé l’ouverture des paquets de cartes et l’expérience de jeu sur support numérique », estime Simon Carless, fondateur de l’agence de consulting « GameDiscoverCo ».

Sur les réseaux sociaux, de nombreux joueurs partagent des vidéos où ils découvrent leurs nouvelles cartes ou se mettent en scène dans des tournois, et le mot-clé #Pokémontcg cumule plus de 1,5 million de publications sur TikTok. Surtout, « Pokémon TCG Pocket » a redonné un coup de fouet aux ventes des cartes physiques.

« Ça fait revenir le joueur dans la marque Pokémon », explique Frédérique Tutt, experte du marché de jouet pour la firme Circana. « Et les cartes physiques restent le cœur de la marque que le collectionneur veut avoir chez lui pour jouer et échanger. »

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