La chaîne et son application MyCanal ont marqué l’année par des stratégies de programmation audacieuses et un marketing ayant permis de recruter des jeunes.
Si le groupe Canal+ fait souvent l'actualité avec CNews et C8, la chaîne Canal+ et son pendant digital MyCanal, avec sa recommandation éditoriale, tracent leur route et embarquent les téléspectateurs. Un chiffre en témoigne : plus de 30 millions de visionnages pour D’Argent et de sang, la première série télé du cinéaste Xavier Giannoli, diffusée à partir d’octobre. « L’une des séries qui marquera notre histoire », s’enthousiasme Gérald-Brice Viret, directeur général de Canal+ France en charge des antennes et des programmes. Ayant bénéficié « d’un alignement de planètes » entre le réalisateur, les auteurs, les acteurs, elle marque selon lui une montée en gamme pour le groupe qui se dit pionnier en matière de fiction depuis ses débuts. « Nous avions déjà une longueur d’avance avec des séries comme Validé ou La Flamme, Le Flambeau », illustre le dirigeant, pour qui D’Argent et de sang contribue à « renouveler les codes et faire monter le niveau de qualité ». Autre particularité de la série, articulée en deux parties et douze épisodes au total : elle a marqué une première en termes de mode de diffusion, avec deux épisodes divulgués au lancement de chaque partie puis un par semaine, pour garder vivace l’intérêt du téléspectateur. Au-delà de D’Argent et de sang, qui s’est vendue dans plusieurs dizaines de pays, les téléspectateurs ont pu apprécier La Fièvre - qui connaîtra une suite - ou la série policière B.R.I..
Canal+ a également innové avec Au Micro, un concours de talents visant à trouver son prochain commentateur de football (voir Stratégies n° 2215 du 18 avril). Lancé de même le mois dernier, Terminal de Jamel Debbouze marque le retour de la sitcom à l’antenne plus de vingt ans après H, tandis que Les Loups-garous de Thiercelieux, un jeu avec Panayotis Pascot et Fary, annoncé en juin 2023, vient d’être tourné et sera diffusé au dernier trimestre.
La chaîne a encore su se distinguer d’un point de vue marketing. Faisant face au même défi que tous les acteurs historiques de la télévision, celui de séduire les jeunes, elle a en mars 2023 frappé un coup marquant avec Rat+, une offre d’abonnement pour les moins de 26 ans. En cinq vagues, cette offre au nom audacieux a contribué à hausser le parc d’abonnés jeunes à 500 000 aujourd’hui. Canal+ a aussi, en février 2024, imaginé une offre d’abonnement couplé avec UGC. Autant de dispositifs inclus dans une stratégie de communication globale accompagnée par BETC. « Emilie Pietrini, directrice de la marque, a énormément travaillé la perception et l’image de Canal+. Il y a eu les campagnes sur les codes portées par de nombreux talents, où nous nous sommes appropriés la notion de partage de codes propre aux plateformes. Puis Wakany, où nous avons souligné l’importance de ne pas confier son imagination à n’importe qui ». Ce qui n’est sans doute pas étranger au fait que Canal+ soit entrée dans l’édition 2023 du classement Kantar Brandz des cinquante marques françaises les plus puissantes.
« L’objectif est d’être le meilleur éditeur et le meilleur agrégateur, nous le sommes », poursuit Gérald-Brice Viret. Côté agrégation, Canal+ proposera, avec déjà Netflix, Disney+ et d’autres, Max, la plateforme de Warner Bros. Discovery qui sera lancée en France en juin. Ne manque plus que Prime Video…