Didier Quillot prend les rênes opérationnelles de Clear Channel France, rebaptisé Cityz Media, à la place de Boutaïna Araki. Avec un mot d’ordre : «faire de la croissance profitable».
Pourquoi avez-vous décidé de prendre la présidence exécutive du groupe ?
Didier Quillot. Comme annoncé au moment du rachat par Equinox Industries, nous avons réalisé un audit avec McKinsey à l’issue duquel nous avons rédigé un plan de transformation. Il prévoit d’augmenter notre part de marché commerciale sur un marché déjà en croissance (+5% en 2023), d’accroître notre PDM sur le DOOH en renforçant notre leadership sur le digital, et enfin d’améliorer notre rentabilité en retournant à des niveaux de profitabilité qui sont ceux du marché. On a considéré que pour mettre en œuvre ce plan et impulser une nouvelle ambition, il fallait changer le management. J’en profite pour remercier Boutaïna Araki pour sa contribution au développement de Clear Channel, en particulier pour le travail de restructuration qu’elle a accompli en sortie de covid et pour la transition qu’elle a assurée avec les nouveaux actionnaires.
De quelle réflexion le nouveau nom, Cityz Media, est-il porteur ?
Outre les objectifs commerciaux et de profitabilité, il s’agit d’être un partenaire de la cité pour parler à nos concitoyens au cœur des villes en donnant un accès aux informations sur la vie locale. Cityz est la contraction de citizen et city. Le choix du nom a été décidé après un brainstorming entre les collaborateurs, le management et l’actionnaire. Nous sommes un média d’utilité publique qui valorise les contenus responsables et permet d’encourager les transformations environnementales et sociétales. Cityz Media est le seul opérateur présent dans l’intégralité des lieux de vie, de consommation et de mobilité hors foyer. Nous sommes implantés dans 50 agglomérations de plus de 100 000 habitants, plus de 4000 communes et nous sommes leader en digital dans les centres commerciaux en étant présent dans le top 25 des malls en France.
Cette réorganisation aura-t-elle un impact sur le plan social ?
Non, cela n’aura pas de conséquences sociales.
Quelles sont les priorités de votre ligne de financement de 60 millions d’euros ?
D’abord, la conquête commerciale. Mais nous voulons aussi restaurer notre rentabilité et faire de la croissance profitable. Nous allons regarder chaque appel d’offres avec un esprit de conquête mais nous ne ferons pas n’importe quoi. Nous voulons des contrats rentables. Nous voulons aussi accélérer la transformation numérique des services et en particulier la politique d’innovation dans le digital, à l’exemple de l’audience garantie en DOOH ou de l’outil Newcast qui permet de qualifier précisément les audiences. Je redis que le DOOH couplé à la téléphonie mobile a une portée et audience comparables à la télé à un coût nettement inférieur. Nous devons aussi améliorer notre qualité de services auprès des annonceurs, que ce soit au niveau des opérations sur le terrain que de la force de vente.
À combien se monte le CA de Clear Channel France en 2023 ?
265 millions d’euros, soit une hausse de 8%. Malgré cette progression, le résultat est légèrement négatif. Le groupe vient de gagner un contrat de mobilier urbain à Lille et a renouvelé ceux de Montpellier (jusqu'à fin 2029), de Dijon et de Nîmes (avec un renforcement du digital). Il a aussi conquis un nouveau contrat à Versailles sur le réseau de bus de la ville.
Le groupe va-t-il se positionner sur l’appel d’offres des MUI de Paris pour renouveler son contrat, qui arrive à son terme en septembre, sur la seule publicité « non marchande »?
L’attribution de ce contrat en 2019 a permis d’augmenter la concurrence à Paris et d’ouvrir l’espace d’expression à des annonceurs ou des associations qui n’y avaient pas accès. Nous travaillons main dans la main avec la Ville de Paris, avec plus 30 personnes, l’équivalent d’une petite PME à son service. C’est pourquoi nous avons été surpris par les propos d’Emmanuel Grégoire qui a explicitement nommé notre contrat dans Stratégies. Au même titre que les Abribus, le MUI est un contrat d’utilité publique et d’informations locales. A ce titre, il entre pleinement dans la cohérence servicielle décrite par lui. C’est aussi une part minoritaire sur l’espace publicitaire de la capitale. S’il doit y avoir une réflexion sur l’intensité de la publicité à Paris, elle doit porter sur l’ensemble des dispositifs publicitaires. Nous participerons bien volontiers avec la ville, enfin, à une refonte de son règlement local de publicité.
Chiffre clé
265 millions d’euros Chiffre d'affaires de Clear Channel France en 2023.