France Télévisions entame un tournant stratégique en faisant de la reconquête des jeunes publics sa prochaine ambition éditoriale structurante.

Les jeunes, une cause perdue pour la télé ? Sûrement pas, répond France Télévisions. Le groupe public a décidé de faire de la reconquête des jeunes au sens large (3-30 ans) « son ambition éditoriale des prochaines saisons », assure Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des antennes et des programmes, le 10 octobre. Une « mission » pas nouvelle pour l’entreprise, mais qu’elle entend « profondément renouveler », à l’heure où l’ensemble de la télévision voit son public vieillir et où aucune chaîne n’a trouvé la bonne formule.

Pour réussir, le groupe met les moyens. « Nous souhaitons tripler nos investissements dédiés aux jeunes publics », révèle le dirigeant. Autrement dit, passer de 80 millions d’euros annuels à 240 millions à l'horizon cinq ans. Une question à aborder dans le cadre du prochain contrat d’objectifs et de moyens. Les contenus dédiés à cette cible sont sans publicité.

Qui dit public jeune dit tournant numérique. C’est sur les deux canaux, linéaire et digital, que le groupe entend aller le chercher. Avec un principe : pas de republications en nombre d’un même contenu mais des créations spécifiques à chaque réseau social. Et la volonté de faire se croiser les deux mondes. Ainsi, HugoDécrypte (7,5 millions d’abonnés en cumulé sur TikTok et YouTube) devrait bientôt débarquer sur France 2 avec une Interview face cachée, dont la première sera avec Thomas Pesquet. D’autres partenariats de ce type seraient envisagés. Autre exemple, France Télévisions prévoit un focus sur le harcèlement scolaire, qui sera décliné en une soirée spéciale sur France 2, avec Faustine Bollaert et des contenus sur Okoo et Lumni. 

Sur le digital, le groupe vient justement de repenser Lumni, avec une nouvelle direction artistique et des programmes inédits. « Notre ambition est de devenir la plateforme de référence d’une offre éducative gratuite et attractive pour un maximum d’élèves », acte Anne Daroux, directrice de l’unité éducation de France Télévisions. « Notre ton doit être amical, chaleureux, notre langage, à la hauteur de notre public… Nous voulons être comme un bon pote », détaille-t-elle sur le changement amorcé.

Logique de jeu

La plateforme introduit notamment une logique de jeu, avec des défis et des badges à gagner, pour séduire les collégiens et lycéens. En parallèle, « nous souhaitons renforcer la marque Slash pour qu’elle devienne centrale dans le quotidien des jeunes adultes », indique Stéphane Sitbon-Gomez. Déjà en ligne, la série Déter, sur un lycée agricole, a été « 100 % pensée pour les réseaux sociaux », appuie-t-on au sein du groupe, qui, pour des raisons de budget notamment, n’exclut pas de « désinvestir le linéaire pour le digital ». Côté info, France Télévisions a lancé en septembre un JT digital de cinq minutes, C quoi l'info,  à destination des 12-18 ans, visible sur YouTube, Snapchat et TikTok.

Tout en promettant de varier les formats, les tons ou les traitements, France Télévisions souhaite incarner sa nouvelle stratégie. Sur Okoo, le champion de natation Théo Curin parlera aux enfants dans le programme T’es au top. Sur Lumni seront visibles des contenus avec le médecin Jimmy Mohamed, l’humoriste Roman Doduik ou la professeure de français Athéna Sol, tous présents sur les réseaux sociaux.

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