Reportage
BFM s’est lancée fin octobre à Marseille, ainsi qu’à Nice et Toulon. Renforçant ainsi son ancrage dans l’information locale.

Comment se sent-on à moins d’une heure du lancement d’une nouvelle chaîne ? Sans doute un peu fébrile. Dans les locaux de BFM Marseille, à quelques minutes à pied du Vieux-Port, les équipes s’affairent, ce 26 octobre, se penchant sur les derniers réglages. Sur le plateau, une répétition avec la présentatrice Sophie Hébrard est orchestrée, tandis que le sujet inaugural du tout premier journal sera consacré - entre le cliché et l’actualité - à un règlement de comptes à Aubagne. Le community manager Alexis Kynigopoulos filme dans la rédaction des contenus destinés aux réseaux sociaux. Des sujets se montent ou se peaufinent, des goodies se transportent quelques étages plus bas sur le lieu de la réception qui suivra le lancement officiel. De leur côté, les membres du CTA, comité territorial du CSA, découvrent les locaux de la chaîne, précédemment hébergée à La Provence et aujourd’hui atterrie aux Docks, un espace de commerces et de bureaux, dans 350 m2 plutôt neufs et clairs. Une panne de réseau téléphonique ? Il faut passer outre, l’incident dure peu. « Les grands sujets pour nous en ce moment, ce sont gérer les imprévus des invités, gérer l’ordre des prises de parole », confie Philippe Benayoun, directeur des BFM Régions. Lorsque juste avant 17 heures le compte à rebours est lancé par Raphaëlle Duchemin, ancienne journaliste de Franceinfo, RMC et Europe 1 - et que suivront des applaudissements, des interventions d’officiels et un cocktail -, c’est un travail de longue haleine qui voit son aboutissement…

Le lancement de chaînes, une habitude

Si pour l’équipe de Marseille, 27 personnes dont une vingtaine de journalistes, c’est inédit, pour l’état-major d’Altice, maison mère de BFM, c’est la continuité d’une stratégie entamée en 2016 avec l’ouverture de sa première chaîne locale, BFM Paris. Une stratégie qu'on ne peut pas comparer, assure-t-on en interne, avec celle du service public et du réseau France 3, basée sur des « décrochages » : rien d’équivalent ici où la continuité de l’antenne est assurée. « Cela fait cinq ans que nous lançons des chaînes, nous avons l’habitude, c’est excitant et en même temps stressant, témoigne Hervé Beroud, directeur général délégué d’Altice Media, après sa visite avec le CSA. Là, nous lançons trois chaînes simultanément : il faut maîtriser à la fois ce qui se passe ici et ailleurs, avec la tête à Marseille et un œil à Nice et à Toulon ». Au-delà des huit chaînes déjà déployées de Lille à Marseille, deux autres sont prévues en 2022.

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100 % de contenus propres 

Le projet, dans la deuxième ville de France, revêt une dimension toute particulière. En réalité, la chaîne a été lancée au début de l’été : ce qui change en cette fin octobre, c’est que l’antenne, née du rachat d’Azur TV plus tôt dans l’année, et jusqu’alors commune avec Nice et Toulon, diffusera désormais à 100 % des contenus propres. « Nous souhaitons créer le réflexe BFM Marseille Provence, lance Arthur Dreyfuss, président-directeur général d’Altice Media, devant le parterre d’invités dont Renaud Muselier, président de la région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur, Patrick de Carolis, maire d’Arles et l’ex-footballeur Éric di Meco, parrain de la chaîne. Un réflexe du quotidien pour savoir ce qui se passe avec des informations de proximité et de service ». Au menu : de l’information locale sur la politique, les loisirs, les sorties, le sport et des contenus « serviciels » donc, informations sur le temps, la circulation, la qualité de l’air, peut-être bientôt le marché immobilier. Si des sujets sont susceptibles de remonter à l’antenne nationale - qui pourrait continuer d’envoyer des journalistes à Marseille malgré la présence d’une équipe constituée sur place -, l’inverse se veut moins vrai. En revanche, les méthodes de travail semblent dupliquées. La régie est en équipe réduite. Sous la responsabilité de Julien Desvages, le chef de bureau, les journalistes peuvent partir en reportage avec leurs smartphones et monter leurs propres sujets.

Annonceurs locaux

Côté publicité, la chaîne entend séduire des annonceurs locaux, présents à hauteur d'environ 75 %, en plus des institutionnels et des annonceurs nationaux qui ont vocation à rester minoritaires. Parmi ces prospects, beaucoup de TPE et PME. S’il se dit que tous les écrans n’ont pas, pour le lancement, été vendus, les premières images de l’antenne 100% indépendante pourraient aider à convaincre les marques. Le tout premier spot était celui d’un magasin Promocash local. « L’idée, c’est d’arriver à l’équilibre dans les douze mois qui suivent le lancement des chaînes », remarque Arthur Dreyfuss. Par ailleurs, la chaîne affirme observer pour Marseille des audiences comparables à celles de BFM Grand Lille, qui affiche plus de 150 000 téléspectateurs par jour.

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