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Le président équatorien Lenin Moreno a justifié sa décision de révoquer l'asile à Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, en l'accusant d'avoir tenté de créer un «centre d'espionnage» dans l'ambassade d'Équateur à Londres. L'avocate de Julian Assange assure que ce dernier est prêt à coopérer

Julian Assange a tenté de créer un «centre d'espionnage» dans l'ambassade d'Équateur à Londres, affirme le président équatorien Lenin Moreno, justifiant sa décision de révoquer l'asile au fondateur de WikiLeaks qui a été arrêté jeudi 11 avril par la police britannique. 

Le président équatorien, Lenin Moreno, qui a accédé au pouvoir en 2017, a regretté dans une interview au quotidien britannique The Guardian que le précédent gouvernement de son pays ait fourni des équipements dans l'ambassade qui ont permis d'«interférer dans les affaires d'autres États»«Nous ne pouvons pas permettre à notre maison, la maison qui a ouvert ses portes, de devenir un centre d'espionnage», a déclaré Lenin Moreno. «Cette activité viole les conditions d'asile», a-t-il ajouté, assurant que la décision de retirer l'asile à Julian Assange «n'est pas arbitraire, mais repose sur le droit international».

Attitude «scandaleuse»

Le président équatorien a aussi dénoncé l'attitude «absolument répréhensible et scandaleuse» de Julian Assange dans l'ambassade et son «comportement inapproprié en matière d'hygiène». Selon Quito, Julian Assange aurait notamment souillé les murs avec ses excréments.

Interrogée par Sky News le 14 avril, l'avocate de Julian Assange, Maître Jennifer Robinson, a réfuté ces accusations, les qualifiant de «scandaleuses». L'avocate a assuré que l'Australien de 47 ans était prêt à coopérer avec les autorités suédoises si celles-ci demandent son extradition mais que la priorité reste d'éviter une extradition aux États-Unis.

Pour rappel, Julian Assange avait trouvé refuge dans l'ambassade d'Équateur il y a sept ans afin d'échapper à un mandat d'arrêt britannique pour des accusations de viol et d'agression sexuelle en Suède, accusations qu'il a toujours niées. La plainte pour agression sexuelle a été frappée par la prescription en 2015, puis la Suède a abandonné les poursuites dans la deuxième affaire en mai 2017, faute de pouvoir faire avancer l'enquête. Mais à l'annonce de l'arrestation, l'avocate de la plaignante a réclamé la réouverture de l'enquête.

Extradition aux États-Unis

L'avocate de Julian Assange, Maître Jennifer Robinson, a précisé à Sky News que «la question-clé» du dossier est la potentielle extradition de Julian Assange aux États-Unis où on l’accuse de piratage informatique. En effet, les États-Unis accusent Julian Assange d'avoir aidé l'ex-analyste du renseignement américain Chelsea Manning à obtenir un mot de passe pour accéder à des milliers de documents classés secret-défense.

Cette demande d'extradition des États-Unis sera examinée par la justice britannique le 2 mai. En cas de demande d'extradition par la Suède, Maître Jennifer Robinson cherchera à avoir les «assurances que nous avons déjà demandées», à savoir que son client ne soit pas envoyé aux États-Unis. 

Plus de 70 parlementaires britanniques ont signé une lettre adressée au ministre de l'Intérieur britannique, lui demandant de donner la priorité à une éventuelle demande d'extradition suédoise.

 

Aucun traitement spécial de l'Australie

Le président équatorien a déclaré au Guardian avoir eu des «garanties écrites» de la part de Londres que Julian Assange ne serait pas extradé vers un pays où il pourrait être victime de torture, de mauvais traitements ou condamné à la peine de mort.

John Shipton, le père de Julian Assange, a exhorté le 14 avril le gouvernement australien à rapatrier son fils en Australie, en se disant choqué de l'état visiblement affaibli de ce dernier lors de son arrestation. Cependant le Premier ministre australien Scott Morrison avait déclaré deux jours plus tôt que Julian Assange ne recevrait «aucun traitement spécial» de Canberra.

Deux députés allemands du parti de gauche Die Linke, Heike Hansel et Sevim Dagdelen ainsi que la députée européenne espagnole Ana Miranda (Groupe des Verts/Alliance libre européenne), se rendront par ailleurs à Londres lundi 15 avril, jour où ils étaient censés rendre visite à Julian Assange à l'ambassade d'Équateur, ont indiqué le parti Die Linke et WikiLeaks. Ces parlementaires prévoient de donner une conférence de presse à 9 heures devant la prison de Belmarsh, au sud-est de Londres, où Julian Assange est détenu.

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