Quatre ans après, où en est le FlashTweet ?
C’est devenu un rendez-vous incontournable pour les décideurs du digital. Le FlashTweet est là pour répondre à la double problématique de l’infobésité et du FOMO [peur de manquer quelque chose]. En quatre ans, il totalise 960 éditions, 9600 tweets publiés dans la matinale et plus de 53 000 followers, des CEO, CDO et CMO de la nouvelle et de « l’ancienne » économie, mais aussi des experts du digital, des influenceurs et des journalistes. Leur point commun est de vouloir décoder la transformation numérique en cours. Ils consultent le FlashTweet pour avoir les dix informations qu’il ne faut pas rater chaque jour sur l’innovation et le digital avant de partir travailler.
Avez-vous une ligne éditoriale, et quelle est-elle ?
Absolument. Elle est axée sur la transformation numérique avec un ton sérieux mais sans se prendre au sérieux. J'ai recours aux emojis pour créer du lien avec les abonnés. C’est important car cela contribue à l’interaction que j’ai avec les abonnés tous les matins. C’est une vraie matinale live où l’on échange autour des sujets. Ils apportent leur expertise. J’ai d’ailleurs interrogé mes lecteurs pour les quatre ans, il ressort que le FlashTweet a généré 1500 rencontres ! Le FlashTweet a même été moteur dans la création de #i4emploi, le collectif qui accompagne les personnes au chômage en mettant en avant leurs compétences et en donnant de la visibilité à leur recherche d’emploi, et du DoTank, Digital Ladies & Allies, qui vient de remettre au gouvernement le livre blanc « Mixité et Performance Numérique », avec 150 contributions d’experts. Le but est d'accroître le nombre et la visibilité des femmes dans la tech. À l’occasion des quatre ans, le FlashTweet a aussi lancé avec l’Ifop le premier sondage sur les hashtags qui ont le plus marqué les Français depuis 2015, en tant que symbole d'un mouvement collectif comme #JeSuisCharlie ou #MeToo.
Comment opérez-vous la distinction entre influenceuse et média ?
J’ai une approche journalistique avant tout par mon parcours de journaliste. Je construis donc le FlashTweet comme une édition, avec ses rubriques : innovation, réseaux sociaux, start-up, réseaux sociaux, infographie, marketing, transformation numérique, intelligence artificielle, tech, mustread… L’idée est d’avoir de l’info chaude au début et plus froide à la fin. Chaque rubrique comporte d’ailleurs un numéro représenté par un emoji. Il y a donc un contrat de lecture qui vise à fournir les informations immanquables dans chaque rubrique chaque matin, afin que les décideurs partent au travail avec ce qu’il y a de plus important. C’est mon combat tous les matins de sélectionner l’info dans la masse, de l’analyser et de la hiérarchiser pour la concentrer en dix tweets.
Comment avez-vous fédéré votre communauté ?
L’ADN du FlashTweet est basé à la fois sur la recommandation, un réseau d’ambassadeurs qui se sont mobilisés pour le faire connaître, et des prescripteurs qui font venir leurs propres abonnés. En créant un rendez-vous à 7h30 pour répondre à mon besoin, je vois que je réponds aux besoins des autres. J’ai vu arriver des ambassadeurs que je ne connaissais pas au début, puis je les ai rencontrés et certains m’ont aidée à construire le FlashTweet. Pour attirer toujours plus de lecteurs, je négocie des exclusivités, crée de nouveaux formats éditoriaux comme la FlashInterview. Il y a aussi des rendez-vous « IRL » [physiques] avec le FlashMeet, le FlashTweet Apéro…
Alors que des pure players ont mis la clé sous la porte, comment avez-vous tenu ?
Je pense que le secret réside dans la communauté qui porte le projet et aide à le faire grandir. Le logo par exemple a été créé par elle. J’étais longtemps dans la presse traditionnelle, je dis souvent que je viens du média le plus lowtech de Paris et que j’ai créé le média de la transformation numérique sur Twitter ! Cette capacité à switcher et être à l’écoute fait que j’ai des retours. J’ai construit à partir de là un business model basé sur trois piliers : des partenariats éditoriaux autour de l’actualité de la transformation digitale, que je traite par exemple avec la FlashInterview. C'est une série de cinq questions vidéo dans cinq tweets, accompagnée d’un article et de l’interview sur LinkedIn, par exemple avec Rémy Weber, le président du directoire de la Banque Postale. Il y a aussi des lives événementiels à VivaTech ou au DigiWorld Summit de l’Idate. Le deuxième pilier est une déclinaison du FlashTweet pour les entreprises, par exemple le FlashDigital pour BNP Paribas qui me laisse prendre l’antenne sur leur compte. Je contribue à l’acculturation digitale dans l’entreprise. Enfin il y a les FlashMeets, co-créés avec des acteurs comme Microsoft autour de l’intelligence artificielle. C’est un petit format qui permet de réunir une dizaine de CDO et CMO qui veulent comprendre les derniers cas d’usage d’une technologie.
Comment avez-vous vu évoluer Twitter en quatre ans et l'usage qu'en font les médias traditionnels ?
Si on parle d’usage, depuis 2015, j’ai vu une prise de conscience des médias sur l’importance des réseaux sociaux. Les journaux ont compris qu’il faut être là où sont les lecteurs. Mais en face, il y a de plus en plus de manipulation, de scandales comme Cambridge Analytica, sans compter le poids des algorithmes qui a changé la donne puisque les plateformes enferment les gens dans des bulles de filtres. C’était plus facile de toucher les lecteurs sans ces algorithmes, alors que maintenant on leur propose ce qu’ils sont censés aimer, et ça ne va pas dans le sens de la qualité de l’info. Cela complique le fait que la bonne information arrive au lecteur, et c’est un vrai danger. Les plateformes ont leur responsabilité mais c’est aussi un devoir citoyen de s’en préoccuper. C’est dans ce cadre-là que j’ai demandé à dix experts, parmi lesquels Benoît Raphaël, Aurélie Jean, Marjolaine Grondin ou Jérôme Colombain, de formuler dix propositions pour rendre les réseaux sociaux meilleurs. Je voudrais ensuite prolonger la réflexion et lancer un livre blanc afin d’avoir le maximum d’experts, et de formuler des propositions très concrètes à horizon 2020.
Quelles sont les pistes d’évolution du FlashTweet ?
L’idée est de grandir et d’avoir plus de formats propres : vidéos, infographies, interviews d’experts, afin de donner du sens à l’innovation – c’est d’ailleurs la nouvelle baseline du FlashTweet. Je voudrais aussi continuer de fédérer une communauté, et la rendre plus contributrice afin de mettre davantage en valeur l’expertise des professionnels qui me suivent. Je crois que le FlashTweet peut être le porte-voix des gens qui font la transformation digitale.
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