La crise de la presse ? Quelle crise ? A regarder les chiffres de diffusion des principaux quotidiens nationaux, le secteur semble retrouver le chemin de la croissance après plusieurs années de vache maigre.
Entre janvier et juillet, Libération a gagné 5,1% par rapport à 2010, Le Monde 2,7%, Les Echos 2,1% et Le Figaro 1,2%, selon les déclarations déposées mensuelles publiées par l'OJD. Mauvaises performances en revanche pour Le Parisien-Aujourd'hui en France (-2,7%), La Tribune (-2,7%) et La Croix (-1,5%). Le journal L'Equipe perd quant à lui 7,2%, victime de la faible actualité sportive de ce début d'année.
« La presse quotidienne revient à la mode », se réjouit Louis Dreyfus, président du groupe Le Monde, dont l'objectif est de dégager un résultat d'exploitation de 6,6 millions d'euros en 2011. « Preuve que dans des moments comme ceux que nous avons vécus ces six derniers mois, les lecteurs savent qu'ils trouveront en kiosque une information de meilleure qualité », estime Nicolas Demorand, directeur de la rédaction de Libération.
Pour autant, la richesse de l'actualité de ces derniers mois n'explique pas tout. « La presse quotidienne nationale d'information générale est portée depuis le début de l'année par la diffusion numérique, qui n'est plus négligeable du tout », explique Patrick Bartement, directeur général de l'OJD.
En juillet, plus de 42 000 exemplaires par jour se sont écoulés en moyenne en version digitale, sur ordinateur ou sur tablette, tout titre confondu. A lui seul, Le Monde totalise une diffusion numérique de 17 643 exemplaires quotidiens, soit 7,3% de sa diffusion France payée individuelle.
Une proportion qui représente 6,8% pour Les Echos, 5,3% pour Libération, 1,3% pour Le Figaro mais qui tombe à moins de 1% pour les titres du groupe Amaury (0,9% pour L'Equipe, 0,3% pour Le Parisien-Aujourd'hui en France).
C'est dans ce contexte favorable que Le Monde lancera sa nouvelle offre week-end le 23 septembre, placée au cœur de la relance éditoriale du titre par les nouveaux actionnaires. Un journal dont la pagination doublera le samedi et qui s'accompagnera d'un nouveau magazine mêlant actualité et lifestyle à la manière des grands quotidiens anglo-saxons.
« Nous voulons surfer sur cette vague favorable à la presse quotidienne afin d'être mieux équipés le jour où elle se retirera, après la présidentielle de 2012 », souligne Louis Dreyfus, dont le groupe vient de recruter une cinquantaine de nouveaux journalistes.
Quelques jours plus tard, le 26 septembre, Le Figaro adoptera quant à lui une maquette rénovée et lancera deux nouvelles pages quotidiennes sur l'actualité de Paris et de la petite couronne. Objectif : doper les ventes du journal en Ile-de-France. De quoi prolonger l'été indien de la presse quotidienne nationale.
Encadré
Les magazines en demi-teinte
Au premier semestre 2010, le papier glacé accusait une baisse légère (-1,22 % VS premier semestre 2009). Pendant les six premiers mois de 2011, la baisse des diffusions France payée s'est accentuée, avec une évolution de -4,65 % (VS 1er sem. 2010). La presse d'actualité, sans doute portée par l'affaire DSK, bénéficie d'une embellie, avec une hausse de 5,39 %, avec en particulier +2,56 % pour les news magazines. La presse économique sort de la nasse, avec une hausse de 1,86 % après un premier semestre 2010 à -6,23 %. Après une période faste, due au lancement de plusieurs nouveaux titres, la presse féminine recule de -9,20 %, tandis que les people accuse un retrait de -3,32 %, tout comme la presse télévision, avec une baisse de -4,09 %. Stabilité pour la presse de la maison (-0,42 %). D.L.G.