«Je réitère qu'aucune mission n'a été confiée à Media 9 pour une mission de lobbying, aucun contrat signé et aucun euro versé.» En martelant en comité d'entreprise extraordinaire, le 1er septembre, qu'il n'avait jamais fait appel aux services d'un cabinet dirigé par un ancien porte-parole adjoint de Nicolas Sarkozy, le patron de l'Agence France-Presse, Emmanuel Hoog, n'a pu échapper au vote d'une motion de défiance. A la fin de cette semaine, les salariés de l'AFP diront s'ils ont été convaincus par ses arguments réfutant toute validation du plan d'actions proposé par Media 9 pour sensibiliser le Parlement à une réforme du statut de 1957, tout en estimant «légitime» de faire appel à des ressources extérieures.
Emmanuel Hoog pense en effet qu'il importe que députés et sénateurs connaissent les «défis» auxquels est confrontée l'AFP. Et attend d'une proposition de loi, déposée au Sénat, une réforme qui assurerait le développement de l'entreprise. «Une évolution du statut me paraît nécessaire pour améliorer la gouvernance de l'agence et notamment la composition du conseil d'administration», répète-t-il dans une note interne.
La stratégie du PDG est connue: elle consiste à développer des services numériques à destination du grand public. Une application Ipad de l'AFP est ainsi prête, et devrait voir le jour en Allemagne et Grande-Bretagne. Mais, en France, le dirigeant se heurte à l'opposition des éditeurs de presse quotidienne, qui estiment que l'agence sortirait alors de ses missions.
Pour faire passer ses projets, le PDG veut donc s'affranchir de la tutelle des éditeurs de quotidiens français, qui représentent la moitié des membres de son conseil d'administration et 8,5% de son chiffre d'affaires: «Une structure qui a ses clients à son conseil d'administration est une source de conflit d'intérêts permanent», confiait-il fin 2010. Quitte, estiment les syndicats, à compromettre l'indépendance de l'agence en acceptant une influence accrue du gouvernement.
Courrier de la Commission européenne
Pesant 40% des recettes de l'AFP, l'Etat doit de son côté expliquer la nature de ses relations financières avec celle-ci. C'est le sens d'un courrier du 22 août de la Commission européenne «qui pourrait rendre illégaux les financements publics reçus par l'AFP sous forme d'abonnements de l'Etat», selon son PDG, qui y voit un élément plaidant en faveur de la réforme statutaire. Mais pour les deux principaux syndicats, le SNJ et la CFDT, «aucune réforme du statut n'est souhaitable, à quelques mois d'une élection présidentielle, sans une forte adhésion des salariés de l'AFP et un consensus politique très large».