Des présentoirs vides, des journaux introuvables pendant deux jours: la grève qui a touché la messagerie Presstalis les 4 et 5 juillet a privé les éditeurs de presse quotidienne nationale de milliers d'euros de recettes. Chaque jour, ce ne sont pas moins de 600 000 exemplaires de PQN qui sont vendus en kiosque, dont la moitié pour le seul quotidien L'Équipe. Une situation qui pourrait en théorie bénéficier aux sites Internet de ces mêmes journaux, les lecteurs privés de papier pouvant se reporter sur les déclinaisons numériques de ces titres. Dans les faits, rien n'est moins sûr.
«L'usage est plus fort que la marque, explique Alexis Delcambre, rédacteur en chef du Monde.fr. Le lecteur qui s'apprête à prendre le train et qui ne trouve pas de quotidien chez son marchand de journaux achètera autre chose à lire, le Web ne se substituant pas au papier.»
Les versions numériques ne font pas le poids
À chaque média son usage, les comportements de lecture variant surtout d'un moment à l'autre de la journée. Pour le journal L'Équipe par exemple, plus de la moitié des lecteurs visitent également quotidiennement le site Lequipe.fr. Pas surprenant donc que la non-parution du premier n'entraîne pas de report sur le second, une partie du lectorat étant le même. «L'audience Internet varie surtout en fonction de l'information du jour», estime Bertrand Gié, directeur des nouveaux médias du Figaro.
Restent les versions PDF des journaux, qui, contrairement aux sites Web, bénéficient largement d'une non-parution des titres papier dans les 29 000 points de vente de la presse. Les 4 et 5 juillet, Le Figaro a ainsi plus que doublé ses ventes en ligne, qu'elles aient été réalisées sur ordinateur, smartphone ou tablette. Mais pas de quoi compenser les 100 000 exemplaires vendus chaque jour en kiosque. Et pour cause: en temps normal, le quotidien de Serge Dassault n'écoule que «quelques centaines» d'exemplaires numériques seulement.
Sur la même période, Les Échos ont vu leurs téléchargements de PDF progresser de 50%. Un score somme toute modeste puisque la version digitale était proposée gratuitement. Même chose à Libération, où la page de consultation gratuite du journal a été la troisième la plus visitée, mardi 5 juillet, derrière l'affaire DSK et les résultats du bac. La veille, les internautes devaient ouvrir leur porte-monnaie pour consulter la version numérique et, sans surprise, celle-ci a été consultée deux fois moins que lorsqu'elle est en accès gratuit. Payant ou gratuit, le numérique est de toute façon loin des volumes du papier.