Si elle a permis aux plateformes événementielles de multiplier leur activité, la pandémie les a aussi cantonné au rôle de solution palliative. Comment émerger comme option de plein droit, telle est l’enjeu actuel pour ces acteurs en quête de développement.
Boostées par le covid, les plates-formes de l’event tech se sont imposées. En 2020, l’Américain Bizzabo levait 138 millions de dollars tandis qu’en France, Eventmaker lançait Eventmaker Live dès avril et levait 1,3 million d’euros. Sensibles au développement du secteur, Orange et Publicis ont mobilisé 20 millions d’euros en mars 2022 pour créer leur plate-forme Voilà. Mauvais timing ? En juillet, la plate-forme américaine Bizzabo annonçait se séparer d’un tiers de ses équipes...
De fait, la maîtrise de la pandémie et le retour à une situation plus habituelle a coïncidé avec un reflux vers l'événement physique qualifié de « revenge event ». Une évolution logique aux yeux de Laurent Chrétien, dirigeant de Laval Virtual : « Avec le Covid, les plates-formes d’événementiel digital ont évolué pour remplacer l’événement physique mais elles pêchent pas manque d’interaction. Les gens ne peuvent pas se déplacer comme dans un monde virtuel ni modifier les modalités d’interaction. » La réduction de la demande a provoqué une telle tension sur certaines compétences (techniciens, maîtres d’hôtel) qu’elle a conduit à des déprogrammations, voire à une prise de risque accrue de la part des acteurs de l’événementiel. « Le reflux de la demande d'événements digitaux a déclenché une guerre des prix, rappelle Julien Carlier, consultant et dirigeant de Social Dynamite. Le streaming ultra low latency (inférieur à une seconde) qui se vendait à prix d'or, est désormais très accessible. »
Lire aussi : Live et gestion de communauté, planches de salut des agences ?
À l’instar d’autres secteurs soumis au même phénomène de contraction de la demande, celui de l’événement digital va sans doute connaître une période de consolidation dont l’ampleur et le rythme restent cependant incertains. De fait, nombre d’acteurs disposent encore de fonds provenant des levées et l’embellie actuelle sur le front sanitaire pourrait laisser place prochainement à une nouvelle vague de contamination. Si tel était le cas, ces acteurs disposeraient d’une nouvelle fenêtre d’opportunité pour relancer leur activité.
Un autre facteur doit être pris en compte : l’appropriation de ce type d’outils par les décideurs. Là encore, il faudra être patient, note Julien Carlier : « Ce sera long, peut-être une décennie, car l'événementiel est confronté à un problème structurel : la grande variété des décideurs. Combiné à la taille relativement réduite du marché, cela ne favorise pas une adoption rapide. Le retour de contraintes sanitaires fortes pourrait cependant accélérer le mouvement. » Autre acteur à surveiller : le secteur de la communication interne qui pourrait tirer un réel avantage de la complémentarité avec le digital à condition de tempérer sa préférence actuelle pour l’événement physique. Comme souvent depuis 2020, la situation sanitaire aura un poids déterminant sur l’écriture des prochains épisodes...