Croissance

À l'occasion des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, le cabinet McKinsey a publié un rapport sur la disparité des croissances. L'Europe serait propice au développement humain mais en retard sur les nouvelles technologies.

L'Europe est en tête dans le monde pour les indicateurs de développement humain mais son modèle est en péril face aux Etats-Unis et à la Chine qui affichent une croissance plus forte grâce aux nouvelles technologies, selon une étude publiée vendredi par le cabinet McKinsey. Les habitants de l'Union européenne ont une espérance de vie moyenne de 81 ans, contre 79 pour les Américains et 77 pour les Chinois, tandis que les émissions de CO2 par habitant sont plus faibles et diminuent plus rapidement en Europe, rappelle le cabinet.

Mais ces avantages du Vieux Continent sont selon McKinsey menacés par son retard dans les nouvelles technologies, qui ne sont pas « un secteur d'activité parmi d'autres dans lequel l'Europe pourrait éventuellement se permettre d'être distancée », selon l'étude publiée à l'occasion des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, qui réunissent de vendredi à dimanche plus de 300 économistes, responsables gouvernementaux et chefs d'entreprise. Aujourd'hui « une dizaine de domaines technologiques sont devenus transverses au reste de l'économie » et sont déterminants pour la compétitivité, que ce soit dans l'industrie ou les services, affirment les auteurs de l'étude.

Perte d’attractivité

L'Europe est en pointe dans les matériaux avancés et les technologies vertes mais elle est distanciée dans les infrastructures informatiques distribuées (le « cloud »), l'ordinateur du futur, l'intelligence artificielle, les logiciels, la confiance numérique. Elle est partiellement à la hauteur pour l'automatisation, la connectivité et les biotechs. Le retard européen, « s'il devait se confirmer dans les prochaines années sur les nouvelles ruptures en phase de maturation, induirait un lourd coût d'opportunité économique », met en garde McKinsey.

Mais « nos champions technologiques nationaux, qu'ils soient allemands, français, espagnols, ont encore des difficultés à sortir de leurs frontières nationales et à gagner en échelle », a expliqué Clarisse Magnin-Mallez, directrice générale de McKinsey en France et co-auteure de l'étude. Cela est notamment dû aux « règles sociales et fiscales à l'intérieur de l'Europe qui ne sont pas suffisamment homogènes. On cumule ainsi deux inconvénients: un paysage très morcelé et une concurrence entre pays sur certains éléments », selon la directrice de McKinsey qui veut « favoriser les fusions-acquisitions nécessaires à la souveraineté européenne ».

Une autre raison est qu'« on ne met pas assez de ressources dans le système éducatif: on se retrouve avec un double déficit de compétences et d'attractivité. Les immigrants dits +inventeurs+ sont deux fois plus nombreux à choisir les États-Unis plutôt que l'Europe », déplore aussi Clarisse Magnin-Mallez.

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