Près des trois quarts des Français estiment que l’innovation et les technologies éco-responsables peuvent permettre de réduire l'empreinte carbone de la France. C'est cinq points de plus qu'il y a deux ans et demi.
Après les fortes chaleurs de la mi-juin et le salon Vivatech, où bon nombre de start-up se positionnent sur le climat (Bioo, Pentaform, Aviant...), la tech hexagonale cherche des solutions permettant de réduire l’empreinte carbone. Mais que pensent les Français des efforts d’innovation réalisés pour agir ou réagir face à l’urgence climatique ? Y-a-t-il un soutien populaire, une confiance en l’avenir comme notre pays en a connue au moment de la conquête du ciel ou du déploiement du rail ?
Un sondage Odoxa pour Leyton, Mascadet et Stratégies, réalisés les 22 et 23 juin auprès de 1005 personnes, montre que 72% de nos concitoyens – surtout parmi les plus jeunes, les cadres et les habitants des grandes métropoles - estiment que l’innovation et les technologies vertes peuvent permettre de réduire le réchauffement climatique. C’est 5 points de plus qu’en janvier 2020.
En tant que consommateurs, la majorité des Français (59%) s’informe désormais sur l’empreinte carbone des produits. 14% déclarent même le faire beaucoup. Voilà qui est encourageant sur la propension à privilégier une consommation responsable et respectueuse de l’environnement. « Reste que 40% des Français ne le font pas et qu’il existe de fortes disparités sociologiques en la matière : seuls 55% des 65 ans et plus, 48% des ouvriers et 55% des ruraux et habitants des petites agglomérations s’informent », observe, Emile Leclerc, directeur des études d’Odoxa.
L'opinion sur l'action des entreprises
Quid de la perception des efforts réalisés par les entreprises ? 55% des salariés déclarent que leur employeur agit pour réduire son empreinte carbone, mais pour bon nombre d’entre eux, leur entreprise ne fait rien (44%), ou bien agit mais de manière insuffisante (37%). Seuls 18% estiment que ces actions sont massives.
De quelle manière ces mêmes entreprises agissent-elles ? Avant tout en réduisant leur consommation électrique (41%). A travers une tribune commune dans le JDD, les trois principaux fournisseurs d’énergie du pays, EDF, TotalEnergies et Engie ont d’ailleurs appelé dimanche les entreprises et les particuliers à réduire leur consommation, dans un contexte de fortes tensions depuis le début de la guerre en Ukraine. Mais il s’agit aussi de réduire les déplacements (35%) et d’inciter au télétravail (32%).
Un Etat acteur de la rénovation de l'habitat
Enfin, les Français estiment que l’Etat a son rôle à jouer. Pour eux, la France doit avant tout agir en rénovant l’habitat (62%) et en finançant les technologies de réduction de la consommation d’énergie (56%). « Ces Français ont compris l’importance de flécher les financements vers la réduction de la consommation d’énergie : au niveau de l’empreinte de l’entreprise, on pense dès lors à son activité digitale. Les data centers d’ici 2025 consommeront 20% de l’électricité mondiale et représenteront 14% des émissions de dioxyde de carbone d’ici 2040 », rappelle Alexandre Touret, directeur marketing France de Leyton. Des solutions existent ainsi que le prouve Eaton et son projet collaboratif Datazero, en partie financé par des crédits d’impôts, qui a modélisé des centres de données auto-suffisants en énergie renouvelable.
L’expert souligne aussi que l’impact des critères ESG dans le financement des start-up est de plus en plus déterminant : « Des études de l’université Stern aux Etats-Unis démontrent que les sociétés dont les rapports extra-financiers sont les plus détaillés ont tendance à être survalorisées de l’ordre de 5% sur la période 2011-2022 ».
Les Français pensent ensuite que l’Etat se doit d’agir sur les technologies de mobilité vertes (37%) ainsi que sur les outils de captation du carbone des entreprises (31%). Le financement des technologies de mesure de l’empreinte carbone personnelle est moins une priorité (17%).
Une question climatique absente des réseaux sociaux pendant la campagne
Benjamin Grange, directeur général de Mascaret (ex-Dentsu Consulting), rappelle que la période de campagne électorale ne s’est pas traduite par une montée en flèche des discussions autour du climat sur les réseaux sociaux. Peut-être parce que les médias et le président réélu n’en ont eux-mêmes que très peu parlés. « Les discussions à propos des alternatives vertes et décarbonées sont au plus bas », note-t-il. Le seul pic observé pendant la campagne présidentielle a concerné les éoliennes (80.000 mentions) lorsqu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont opposés au cours du débat de l’entre-deux tours sur les éoliennes off shore au large du Touquet. « Si le gouvernement ne fait pas de la bataille contre le réchauffement climatique sa priorité, c’est peut-être parce que ses citoyens ont d’autres priorités immédiates : pouvoir d’achat (1.4M de retombées sur 13 mois), prix de l’essence (2.5M), retraite (5.8M), etc. », conclut Benjamin Grange.