Selon une enquête consacrée aux efforts mis en œuvre par la grande distribution pour lutter contre le plastique, les entreprises européennes et françaises peinent à changer leurs pratiques.
Lutter contre le plastique n’est visiblement pas automatique. C’est ce qui ressort d’une enquête consacrée aux efforts mis en œuvre par la grande distribution pour lutter contre cette matière omniprésente, devenue une cause majeure de pollution environnementale et dont le marketing responsable souhaite s’affranchir. Coordonnée à l’échelle européenne par Changing Market Foundation avec le soutien de 17 associations nationales, l’étude révèle -sans réelle surprise- des résultats « décevants » pour les trois dimensions analysées (performance et transparence, engagements, soutien à des politiques gouvernementales ambitieuses). Lancée en 2019 au Royaume-Uni, une enquête similaire a eu des effets sur les distributeurs du pays qui affichent aujourd’hui les meilleurs résultats sur le plan européen.
Carrefour et Biocoop se distinguent
Parmi les 130 distributeurs interrogés, 39 ont fourni une réponse écrite au questionnaire et 74 enseignes ont été intégrées à l'analyse, en complétant les données par une analyse documentaire. Au global, les dimensions performance et transparence ainsi que soutien aux politiques gouvernementales ambitieuses sont les deux « points noirs », avec des résultats faibles chez presque tous les distributeurs. Le volet engagements s’avère quant à lui plus prometteur mais reste à concrétiser dans le temps. La note moyenne globale obtenue pour l’ensemble des 74 distributeurs n'est ainsi que de 13,1 sur 100, les distributeurs du Royaume-Uni et de la France obtenant respectivement un score moyen de 39,6 et 23,3 points. En France, les meilleurs résultats reviennent à Carrefour et Biocoop, respectivement troisième et quatrième du classement européen avec 41,7 points et 37 points, notamment du fait de leur engagement dans le réemploi, « l’un des critères mesurés du fait de son intérêt pour enrayer la pollution plastique ».
Un fossé entre la communication et la réalité
En interrogeant les mêmes distributeurs dans plusieurs pays, l’enquête permet de « mesurer l'absence de politique cohérente en termes de développement durable sur le sujet des emballages plastiques ». Carrefour, performant en France, n’affiche par exemple que 16,3 points en Belgique et même 0 en Espagne. Même constat pour Lidl, qui obtient 44,7 points au Royaume-Uni mais seulement entre 13 et 23,7 points dans d'autres pays comme l'Allemagne et la République tchèque. L'étude déplore également le « décalage entre communication et impact des actions menées ». Souvent cantonnées à quelques actions ponctuelles de réduction de plastique concernant une minorité de produits, les actions des distributeurs ne permettent pas de réduire leur empreinte plastique globale, qui n’est d’ailleurs pas assez précisément mesurée.
Des efforts à intensifier
Si les distributeurs français n’ont pas à rougir de leurs résultats moyens vis-à-vis de leurs homologues européens, ils restent peu élevés au regard des attentes et relativement hétérogènes entre les différentes enseignes. « On peut supposer que la forte sensibilité de l'opinion française au sujet, la loi Anti-gaspillage pour l'économie circulaire et le Pacte signé avec le gouvernement sur les emballages ont eu un effet positif, même si les démarches de réduction et de réemploi restent insuffisamment développées », estime l’étude. Qui montre la voie à suivre. « Ces efforts sont à intensifier, notamment pour les distributeurs moins bien classés, dans un contexte d’accentuation des actions contre la pollution plastique » illustré par la « résolution sur la pollution plastique signée lors de l’Assemblée de l’ONU environnement (arrêtant le cadre d’un traité international sur la pollution plastique pour 2024) », le « souhait de l’Union européenne de lutter contre les emballages excessifs et à usage unique en révisant la directive sur les emballages et les déchets d'emballages » ou le « développement de législations récentes ambitieuses dans certains pays » comme le Portugal (30% de réemploi de tous les emballages en 2030). De quoi mettre automatiquement les distributeurs face à leurs responsabilités.
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