Pour construire l’identité visuelle de Paris 2024, W Conran Design et le Cojop avaient l’ambition de traduire la singularité d’une édition en rupture avec les codes de l’événement. Un pari réussi récompensé par le Grand Prix Stratégies du design.
Exercice imposé pour chaque édition des Jeux olympiques, le « Look of the Games », identité visuelle qui habille l’ensemble des lieux qui composent l’événement, accompagne les spectateurs et les athlètes tout au long de leur parcours, aussi bien dans les sites de compétition que dans le Village des athlètes ou les villes qui accueillent les épreuves. L’enjeu est de taille. « Il fallait par cette identité visuelle illustrer la promesse de Paris 2024, à savoir des performances sportives extraordinaires dans des monuments iconiques », explique Camille Yvinec, directrice déléguée à l'identité de la marque Paris 2024.
« Nous voulions aussi nous inscrire dans l’histoire des Jeux, 100 ans après ceux de 1924, avec dans les éléments graphiques comme une sorte de colonne vertébrale qui vient des années 1920, de la période Art déco », complète Joachim Roncin, directeur du design de Paris 2024. Autre objectif : insuffler une dimension ludique après une édition post-pandémie marquée par l’absence de public. « Il fallait une expression qui soit joyeuse, ludique, dans un esprit de célébration, parce qu’on sortait des Jeux de Tokyo 2020, raconte Camille Yvinec. Cette notion de célébration lors des Jeux est très importante en général mais elle l’était d’autant plus pour cette édition. »
Un élément clé : le pavé
Le travail avec W Conran Design commence dès 2020. « Ce qui nous a intéressés, se souvient Gilles Deléris, fondateur et directeur de la création de l’agence, c’est de réfléchir non pas à un look qui soit une belle image dans laquelle on vient prendre des morceaux, mais à un dispositif, un système visuel qui pourrait être déployé dans des configurations extrêmement variées tout en restant toujours au millimètre par rapport à ce qui a été conçu. »
De ce que tous appellent avec enthousiasme une véritable « collaboration créative » entre W Conran Design et le Cojop naît l’idée centrale de cette identité visuelle : le pavé. Cet élément iconique des rues françaises et parisiennes est ainsi devenu l’unité de mesure graphique du look. « Le pavé, c’est l’idée du carré qu’on vient dupliquer, qui vient comme un système de Lego qui va se moduler en fonction des besoins, des formats, précise Joachim Roncin. Ce système permet d’avoir une vraie liberté d’expression et il fonctionne dans tous les contextes : sur des monuments de Paris, dans un stade ou sur un timbre. »
Un design personnalisable et responsable
Au total, 24 pavés sont créés, 12 sur le patrimoine et 12 sur le sport, assemblables à l’infini. Mieux, ce look est personnalisable. « Des pavés ont aussi été imaginés pour personnaliser les collectivités hôtes, détaille Gilles Deléris. À Marseille, Bordeaux ou Tahiti, on a quelques éléments complémentaires. Quant aux partenaires premium, ils ont eu la possibilité d’ajouter quatre pavés supplémentaires pour illustrer leurs spécificités. C’est en cela que le système est invitant : une fois qu’on a fait le travail de socle, de fondamentaux, d’autres acteurs s’en sont emparés et s’en sont bien emparés. »
La conception du look s’est également inscrite de façon inédite dans une dimension responsable : pour la première fois dans l’histoire de l’événement, Jeux olympiques et paralympiques partagent la même identité visuelle. « En général, on change tout et on gaspille de l’argent, de la matière… Mais là, avec le système choisi, pour la transition entre les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques, il suffisait de modifier un carré : remplacer les anneaux olympiques par les agitos paralympiques, ça fonctionnait, se réjouit Joachim Roncin. Nous prônons un rapprochement entre Jeux olympiques et paralympiques : le logo, les pictos, les médailles, ce sont des vecteurs d’une nouvelle dynamique que nous pensons être bonne pour les Jeux. »
Camille Yvinec, directrice déléguée à l'identité de la marque Paris 2024
« Ce qui nous a vraiment séduits, c’est qu’on a vu tout de suite le potentiel de ce système en termes de déclinaison sur tout un tas de supports. Et nous avons aussi travaillé avec W Conran Design sur le potentiel d’accueil d’autres assets de la marque : les pictogrammes sport, la mascotte… Il s’agit d’un système évolutif, organique, invitant qui peut accueillir en fonction des besoins tout un tas d’éléments graphiques complémentaires. »