Et si vous étiez la nouvelle présidente de la République ? Élise Bert-Leduc, PDG de Direct Assurance, est la huitième invitée de la nouvelle saison de «Et si j’étais Président», une série réalisée par Majda Chaplain, CEO de MC Factory, en partenariat avec Stratégies.
Quels seraient les deux axes majeurs de votre programme ?
D’abord la transition écologique parce que c’est le défi de notre époque. Les enjeux de réchauffement climatique, de biodiversité, de conservation de notre environnement et donc aussi de ressources, sont des axes prioritaires sur lesquels nous n’avons plus le temps de réfléchir. Pour moi, la transition écologique est une absolue nécessité. Or, tous les programmes politiques en parlent. Mais la question c’est comment on en fait un axe majeur, et pas seulement un axe.
Mon autre priorité serait l’éducation car c’est la manière la plus sûre de construire le futur dès aujourd’hui. Pour moi c’est d’autant plus fondamental que les incertitudes se renforcent, et l’enjeu environnemental pèse lourd dans la balance. Or, pour avoir un monde résilient et parer à cela, l’éducation est essentielle. Et je vais même aller plus loin. Je pense que renforcer l’éducation et la qualification est un sujet à traiter au niveau européen.
Enfin, même si vous m’avez demandé deux axes majeurs, j’en citerais un troisième : le pouvoir d’achat. Nous sommes dans un monde où la question économique est fondamentale. Or, pour agir sur la transition écologique, nous devons la lier au sujet économique. Donc en l’occurrence à l’attente prioritaire des Français, c’est-à-dire leur pouvoir d’achat. Pourquoi, par exemple, ne pas mettre en place des systèmes d’incitation pour les Français à agir sur l’environnement.
Quel serait votre projet pour renforcer le rôle sociétal des entreprises françaises ?
J’aimerais déjà que l’on n’oppose plus entreprise et rôle sociétal. Parce que par définition une entreprise a ce rôle, ne serait-ce que parce qu’elle crée de l’emploi. Mon projet serait donc de créer une dynamique de valorisation et de favoriser les entreprises qui agissent. Car l’incitation est généralement un moteur puissant. Par exemple, si l’on revient sur la transition écologique, il s’agirait de valoriser les entreprises qui développent des politiques d’actions sur le sujet et qui incitent leurs collaborateurs à agir eux aussi. Je crois beaucoup à l’engagement collectif et individuel. Et je chercherais donc à susciter et renforcer cet engagement en favorisant les entreprises qui elles-mêmes le développent.
Mon second projet serait d’agir pour l’égalité des collaborateurs. Beaucoup de choses sont faites pour la revalorisation des salaires, pour l’équilibre personnel et professionnel. Il s’agirait donc de valoriser également les entreprises qui mettent en place des logiques basées sur la diversité et la mixité. Enfin ma 3ème piste de travail serait d’impliquer davantage les entreprises dans l’éducation. Je pense en effet qu’elles pourraient avoir un rôle plus actif dans le soutien aux universités, aux grandes écoles, etc. Et ce rôle, elles pourraient le jouer à deux niveaux.
D’abord dans la recherche car je crois beaucoup à l’intérêt de faire des ponts entre les grandes écoles et les pôles de recherche des entreprises. Et ce afin de rattraper le retard pris par l’Europe par rapport aux autres continents. Ensuite, dans le passage de la vie étudiante à la vie professionnelle. Il est vrai que l’on a beaucoup progressé par exemple sur l’alternance. Mais d’autres passerelles peuvent être créées entre tout l’écosystème d’études supérieures, y compris les filières techniques, et les entreprises. Cela permet d’encourager ces dernières à intégrer des jeunes tout juste diplômés.
Pourquoi faut-il voter pour vous ?
Parce que « Élise à l’Élysée », c’est un slogan unique ! Plus sérieusement, je crois beaucoup à la diversité des profils et des univers. Et je trouve intéressant que dans l’univers politique il y ait une diversité de profils. Y compris issus du monde de l’entreprise.
Quelle personnalité publique choisiriez-vous pour être votre Premier Ministre ?
Pour moi la personnalité idéale serait un mix de plusieurs. Une touche de Christine Lagarde pour sa vision mondiale et son point de vue aiguisé sur l’économie. Un soupçon de Mario Draghi pour sa vision européenne et sa connaissance très fine des différentes institutions. Une petite touche de Greta Thunberg pour le courage, l’audace, et l’engagement. Un peu de Thomas Pesquet pour son regard global et juste sur la planète. Enfin, j’ajouterais la clairvoyance, l’honnêteté et le courage intellectuel d’une Kate Dibiasky – rôle joué par Jennifer Lawrence dans le film « Don’t look up ». Pour moi, un Premier Ministre doit allier l’expérience, un leadership naturel, bien sûr, à un côté infiniment visionnaire et engagé sur le sujet de la transition écologique.
Quels sont les engagements RSE / ESG pris par votre direction actuelle ?
Le premier engagement fort, c’est la réorientation des investissements des assureurs sur des sujets plus verts. C’est une priorité soutenue au niveau d’AXA. Ensuite, concernant les engagements propres à Direct Assurance, nous travaillons évidemment à la réduction de notre bilan carbone. Tant au niveau des collaborateurs que de nos bâtiments. Nous intégrons également la dimension climatique et l’environnement dans nos produits d’assurance. Par exemple, nous poussons beaucoup les pièces de réemploi qui sont des pièces reconditionnées issues de l’économie circulaire. Et mon immense fierté, c’est d’avoir un réel impact sur le sujet. En effet, 13 % des sinistres que nous traitons utilisent au moins une pièce de réemploi. C’est donc très concret.
Nous faisons aussi notre maximum pour réconcilier engagement et pouvoir d’achat. Nous lançons une offre pilote d’un mois de souscription gratuit pour les clients qui acceptent de recourir à au moins une pièce de réemploi dans leur sinistre. De plus, nous réfléchissons également à tous les sujets de prévention des risques afin d’intervenir plus en amont des alertes par SMS que nous savons faire en cas de catastrophes naturelles.
Enfin nous prenons des engagements RH en faveur de l’égalité salariale, de la diversité, de l’inclusion, mais aussi de la solidarité, via « AXA Atout Cœur ». Une association qui aide les collaborateurs à s’engager de manière solidaire et avec laquelle nous travaillons également beaucoup chez Direct Assurance.
Quelles seraient les principales missions de votre successeur au sein de votre entreprise pour accélérer ces engagements ?
Il faudrait qu’il continue à agir sur le pouvoir d’achat de nos clients. Le rapport qualité/prix est dans l’ADN de Direct Assurance. Il faut donc l’entretenir et le combiner à des engagements contextuels tels que la transition écologique. Ce que nous faisons avec la pièce de réemploi s’inscrit dans cette démarche. Nous permettons à nos clients de gagner en pouvoir d’achat en récupérant une partie de leur cotisation. Et dans le même temps nous œuvrons de manière tangible pour la transition écologique en favorisant l’économie circulaire.
Comment doit évoluer votre métier pour être plus responsable ?
Je pense que pour être encore plus responsable, il faut utiliser le digital qui est un formidable levier d’accélération. Aujourd’hui, il nous permet, sur les sinistres, de simplifier le parcours pour le client et pour toutes les parties prenantes. Et typiquement à propos de la pièce de réemploi, il y a encore beaucoup de choses à travailler autour de la disponibilité des pièces, de la filière d’approvisionnement, etc. Or, je pense que le digital peut justement beaucoup aider à ce que les experts, les garages, aient une vision claire de tous ces points et que cela accélère leur utilisation de la pièce de réemploi. Il nous faut également travailler davantage sur la compréhension et la transparence des produits, ainsi que sur la pédagogie des assureurs. Là encore, le digital est un très bel outil. Par exemple, les clients rencontrent une certaine forme de complexité et se posent des questions sur les niveaux de remboursement. Nous avons donc mis au point un petit simulateur qui leur permet de comprendre ce qu’il y a dans leur assurance en fonction de la gamme de produits qu’ils vont choisir chez nous. Cela permet de leur donner de la clarté, et de décrypter les offres..
Que demanderiez-vous au Président sortant, Emmanuel Macron, avant qu’il quitte l'Élysée ?
Le numéro de Kylian Mbappé, parce que mes enfants en sont fans et je crois qu’Emmanuel Macron le connaît bien !
Quel serait votre premier engagement en tant que Président responsable pris à l’Élysée ?
Je pense sincèrement que l’on y voit assez clair sur les sujets de la transition écologique. Désormais, toute la question, c’est d’agir. Donc mon premier engagement serait de passer à l’action ! Mon second engagement serait d’entamer un chantier fort sur l’éducation.
Quel objet personnel ramèneriez-vous avec vous à l’Élysée ?
Je ramènerai une collection de livres papier. Parce que nous sommes dans un monde ultra connecté avec un rapport au temps qui s’accélère, j’estime qu’il faut aussi d’avoir des moments de pause, de distance. Et, pour cela, la lecture est formidable. Et l’on reste malgré tout très connecté, car les livres disent beaucoup de notre société.
Les épisodes précédents :
- Fabien Versavau, président et CEO de Rakuten France
- Lisa Nakam, directrice associée de Jonak
- Omer Waysman, global e-commerce & business development director chez Danone
- Arnaud Leroux, directeur marketing de Asics
- Nathalie Rozborski, directrice marque et RSE de Maisons du Monde