L’enseigne de chaussures San Marina sera fixée le 20 février sur son sort, après avoir placé en procédure de redressement judiciaire le 27 septembre dernier. La marque d’habillement vient rallonger la liste des enseignes de textile à subir de grandes difficultés.
Début février, les deux actionnaires, Stéphane Collaert et Laurent Portella, avaient proposé une offre de reprise qui a finalement été abandonnée, douchant les espoirs des employés des 163 magasins. D’autres propositions de reprises sont toujours sur la table, mais elles ne concernent que certains magasins.
Le sort de San Marina vient s’ajouter à la longue liste des enseignes placée sous redressement judiciaire, voire en liquidation judiciaire, comme ce fut le cas pour Camaïeu, fin 2022.
À ce jour, parmi les enseignes les plus connues, on peut nommer Go Sport (2 160 employés), Kookaï (320 employés), Burton (600) et André (280) qui attendent le couperet de l’acceptation ou non des offres après avoir été placées en redressement judiciaire. L’enseigne Cop. Copines a elle cessé toute activité, et Pimkie a annoncé la fermeture d’une centaine de magasins.
Si les raisons sont toujours différentes entre les enseignes, des éléments structurels viennent expliquer ces contreperformances économiques.
Entre hausse des coûts, crainte d’une baisse des volumes vendus : la fédération du commerce spécialisé Procos a affirmé le 7 avril redouter un « effet ciseaux » début 2023 en raison de la forte inflation, dont les conséquences se font surtout sentir pour les enseignes n’étant ni positionnée sur le luxe, ni discount. Les prévisions de la fédération Procos, qui indique représenter 60 000 points de vente de 310 enseignes pesant ensemble 110 milliards d’euros de chiffre d’affaires, semblent se confirmer. Elle voyait dans l’année 2023 « une année de tous les dangers ». Son bilan, qui voyait l’alimentaire progresser nettement, ainsi que la beauté ou l’équipement de la maison, s’inquiétait des secteurs comme la chaussure (-8,5 %), l'habillement (-2,6 %) et les cadeaux-jouets (-9,7 %), déjà en net recul en 2022.
Mais tout ceci n’est que l’aboutissement et l’accélération d’une phase entamée il y a plusieurs années. Face à des consommateurs qui arbitrent davantage leurs consommations (répartition en sablier plutôt qu’en pyramide) les marques de mass market souffrent face aux enseignes premiers prix, et au luxe. Les premiers émois sur le marché ont commencé en 2015, avec les déboires de la Halles. L’inflation, les considérations écologiques, la vente par internet et la crise du Covid sont venues entailler des comptes de résultat déjà bien maigres.