Le gouvernement espère faire franchir cette semaine un cap à son projet de panier anti-inflation, en vue d’une mise en place en mars, mais le dispositif ne fait pas l’unanimité chez les distributeurs et ses modalités restent floues.
Quel est le dispositif prévu ?
La ministre déléguée notamment au Commerce Olivia Grégoire, à l’initiative de ce projet, a expliqué lundi sur Europe 1 son objectif : « faire en sorte que les Français puissent avoir sur un panier du quotidien des prix attractifs ». Avant de reconnaître qu'« entre l’idée et l’action, c’est toujours compliqué ». Ecueil principal, l’impossibilité pour le gouvernement d’encadrer trop rigoureusement les prix. « Le gouvernement ne peut pas être trop directif et doit laisser de la liberté sinon on enfreint les règles en matière de concurrence », explique à l’AFP le patron du quatrième distributeur français, Système U, Dominique Schelcher.
D’abord, la participation des différents acteurs, E.Leclerc, Carrefour, Intermarché, Système U, Auchan, Lidl, Casino ou encore Aldi, se fera sur la base du volontariat uniquement. Mi-janvier, le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) Jacques Creyssel s’était montré peu enthousiaste auprès de l’AFP, estimant que « la plupart des enseignes font déjà ce genre de choses de manière assez claire ».
Ensuite, impossible de déterminer précisément la liste des produits qui composeraient ce panier, à nouveau pour des questions de concurrence. Le gouvernement entend plutôt laisser aux enseignes « le choix de chaque produit répondant à une unité de besoin », détaille le cabinet d’Olivia Grégoire à l’AFP.
Qu’y aura-t-il dans le panier ?
Le projet s’oriente vers une liste d’une cinquantaine de produits répondant aux besoins d’une famille moyenne française avec enfants, « et qui seraient à prix bas et non pas à prix coûtant », a dit Olivia Grégoire sur Europe 1.
« On peut imaginer une catégorie fruits et légumes frais de saison, au sein de laquelle une enseigne pourra proposer des mandarines et une autre, une autre denrée », selon son cabinet.
Il y aura a priori des produits alimentaires et non-alimentaires, du frais, des produits congelés, de l’épicerie, mais également des produits de propreté ou d’hygiène. « Ensuite, savoir si, sur le frais, on parle d’une catégorie produit laitier, ou est-ce qu’on dit catégorie yaourt et fromage », cela reste à arbitrer, dit-on encore côté gouvernement. Des produits bio devraient faire partie du panier.
L’objectif est que les consommateurs aient une base de comparaison possible, et pourquoi pas générer une émulation.
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Quand sera-t-il mis en place ?
« Ce que je propose aux distributeurs », a déclaré Olivia Grégoire, c’est « une action collective, ensemble, à partir du mois de mars » et « pour trois mois ». Son cabinet espère être fixé cette semaine sur les enseignes qui s’engagent à lancer leur panier anti-inflation dans le cadre qui sera déterminé par le gouvernement. Fixer comme échéance le mois de mars permet de « laisser le temps que ça se mette en place ».
Pourquoi d’autres « paniers » sont-ils lancés ?
Rien n’empêche les commerçants d’annoncer, ou de vanter, leurs propres opérations commerciales. Système U a été le premier mercredi à lancer son propre « panier » comprenant 150 références de marque distributeur, c’est-à-dire des produits dont l’enseigne est propriétaire de la marque, vendus à « prix coûtant ».
L’enseigne reste dans les discussions avec le gouvernement. « On continue à s’y inscrire, par contre on pense qu’il y a urgence pour le pouvoir d’achat et que le 1er mars est encore loin », explique Dominique Schelcher. Au niveau national, les magasins de l’enseigne s’engagent à vendre ces produits sans plus de marge que celle prévue par la loi, « dès le 1er février et pour une durée indéterminée ». « Quand le projet du gouvernement aura abouti au 1er mars, on extraira 50 produits des 150 » pour composer le panier anti-inflation devant servir à comparer les enseignes, dit encore le dirigeant de l’enseigne.
Il s’agit bien sûr d’une opération commerciale, que d’autres pourraient suivre. Depuis des mois, le secteur multiplie les opérations, prix bloqués, bouclier anti-inflation, dont le but est d’attirer ou de fidéliser des clients très attentifs à leur ticket de caisse, alors que la hausse des prix alimentaires a atteint 13,2 % sur un an en janvier, selon l’Insee.
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