En cette période de crise écologique, économique et de guerre en Ukraine, les professionnels du luxe affichent une confiance insolente, selon l'étude Luxury Trend Report 2022, réalisée par Ifop en exclusivité pour Stratégies.
Dans le grand froid, les joues roses et le visage réjoui. « Le secteur du luxe continue à insolemment bien se défendre dans un monde qui va mal », résume Stéphane Truchi, CEO d’Ifop Group. En effet, selon le Luxury Trend Report 2022, en exclusivité pour Stratégies, les 215 professionnels du luxe interrogés par l’Ifop continuent à arborer un franc sourire : c’est 3 % de plus qu’en 2021. À 68 % de professionnels « très optimistes » ou « optimistes », l’espoir en de beaux lendemains pour le luxe reste préservé, malgré une baisse (-16%) par rapport à l’euphorie de 2021. « Après une année 2021 de reconstruction post-crise sanitaire, on n’a pas baissé en confiance, grâce à la forte capacité de résilience du luxe. D’une part, les groupes de luxe sont très solides, ça les protège. Et les professionnels reconnaissent au luxe un effet de compensation, une dimension plaisir : il permet de redonner du bonheur quand le contexte devient difficile. De plus, la forte capacité d’adaptation digitale, notamment via toute la dynamique des réseaux sociaux, permet d’être confiant pour l’avenir », relève Stéphane Truchi.
Le Moyen-Orient se distingue comme la région de croissance la plus prometteuse (85 %) suivie par l’Asie du Nord (80%) ou l’Asie du Sud-Est (74%). Par rapport à 2021, deux secteurs sont en progression (vins et spiritueux/hôtellerie et restauration) tandis que tous les autres secteurs sont stables ou en baisse : maroquinerie, épicerie fine, prêt-à-porter et arts de la table. Les périls qui menacent le secteur du luxe sont principalement l’essoufflement des territoires géographiques de croissance (35%, +7 % vs 2021), les niveaux de prix trop élevés (21%, +10 % vs 2021), alors que la progression du second-hand est mieux intégrée (28 %, -10 %) et que la menace de la concurrence de nouvelles marques issues des pays émergents s’éloigne (11 %, -8 %).
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« Le plus menaçant pour les professionnels, c’est la crise écologique planétaire (42%) plus que l’inflation (25%), souligne le CEO d’Ifop Group. Dans un contexte inflationniste, on a justement besoin d’acheter des articles de luxe qui ont une vraie valeur d’investissement (75 %), de produits iconiques, de valeurs sûres (64%). » parallèlement, le second-hand et la location confirment leur percée dans les nouveaux modes de consommation, l’achat online et via les réseaux sociaux est en baisse au profit de l’achat en boutique, tandis que le métavers commence à émerger. Même si celui-ci « restera réservé à une petite élite en quête de produits exclusifs » (70 %), tandis que 62 % du panel estime que « les marques de luxe et leurs clients créeront ensemble de nouveaux produits, de nouveaux services dans le métavers (62%) ».
Enfin, les deux priorités d’engagement restent comme l’an passé l’écologie et la transparence, même si, prévient Stéphane Truchi, « sur les sujets environnementaux et l’écologie, les professionnels perçoivent les entreprises comme moins engagées qu’elles ne l’étaient précédemment. On attend plus d’elles… ».