Comment vous est venue l’idée de fonder le club Lille Esport?
L’idée est venue d’une passion, celle de l’e-sport et du numérique plus généralement. Avec Nelson, mon associé, nous nous sommes demandés comment créer une équipe dans un domaine qui se développe très vite. Nous nous sommes aperçus qu’il n’y avait pas de réels concurrents dans la région lilloise. Nous avons décidé de créer Lille Esport en mars dernier, à partir du nom de notre ville. Nous sommes très fiers de notre région, de nos valeurs. Nous revendiquons notre appartenance au Nord, à Lille qui a gagné en popularité avec notamment le titre du LOSC en Ligue 1 de football. Le but était de donner un supplément e-sport au côté sportif déjà bien implanté. Nous avons pris cette responsabilité.
En quoi votre club s’inscrit dans la dynamique technologique lilloise ?
La région pousse au développement, avec Euratechnologies à Lille ou la Plaine Images à Tourcoing, un incubateur et accélérateur de start-ups très présent dans le monde vidéoludique. De nombreux fleurons de cette industrie sont établis localement, OVHcloud par exemple. Sans compter la présence de la French Tech, qui dynamise la création de projets autour du numérique. Avec l’équipe, nous sommes d’ailleurs basés à Talent Garden, une plateforme de coworking tournée vers le digital qui a décidé d’ouvrir ses locaux à Lille, et non à Paris ou Marseille. Tout cela met en valeur le développement «tech» de la métropole.
Lille a-t-elle la volonté de concurrencer les métropoles pionnières de l’e-sport telles que Lyon et Paris ?
Aujourd’hui l’e-sport peut être un outil marketing intéressant pour Lille, il apporte plus que de la compétition. Prenons notre club : s’il performe au niveau international, les projecteurs seront braqués sur lui, et par extension sur la ville. Les bons résultats permettent de faire briller la région, d’attirer les investisseurs et les entreprises. Placée au carrefour de l’Europe avec Londres, Bruxelles et Amsterdam à proximité, Lille peut devenir cet avant-poste. La Métropole s’y intéresse : elle comprend l’ampleur qu’est en train de prendre la compétition dans les jeux vidéo.
Que manque-t-il à Lille pour devenir la vitrine de ce milieu ?
Il manque d’abord une salle événementielle dédiée à l’e-sport, comme l’ESpot et le Vitality Hive à Paris. Il faudrait ensuite des acteurs locaux dédiés au développement de ce business, de véritables interlocuteurs avec qui dialoguer. La ville de Tours est un bon exemple de réussite sur ce modèle : aujourd’hui, elle accueille des compétitions, des conférences, des réunions de networking. Derrière, cela permet de remplir des hôtels et des restaurants, de doper le tourisme. L’e-sport crée de la valeur, presque autant d’économie qu’un événement sportif. Les pays se battent aujourd’hui pour avoir les mondiaux de League of Legends !
Rayan Hanafi, cofondateur du club Lille Esport, explique ce que peut apporter la discipline en plein essor au dynamisme technologique de la métropole lilloise
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