La mise aux enchères des premières fréquences 5G à destination des opérateurs français a rapporté la somme totale de 2,786 milliards d'euros à l'Etat, Orange obtenant la plus grande part des « blocs » en jeu, a annoncé jeudi l'Arcep, le régulateur des télécoms. Initialement prévues en avril, mais repoussées en raison de la pandémie de Covid-19, ces enchères ont permis aux opérateurs (Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free) d'acquérir 11 blocs de fréquences aujourd'hui inutilisés, ouvrant la voie aux premières commercialisations de services 5G dans certaines villes françaises à la fin de l'année.
Avant ces enchères, les quatre opérateurs avaient déjà obtenu chacun un bloc de 50 mégahertz (MHz) dans la bande de fréquences allant de 3,4 à 3,8 gigahertz (GHz) sur le spectre électromagnétique, au prix fixe de 350 millions d'euros pour chaque bloc. Un opérateur ne pouvait pas acquérir plus de 100 MHz. C'est Orange qui a remporté la majeure part des fréquences en jeu avec quatre "blocs": au total, le groupe dispose de 90 MHz, contre 80 MHz pour SFR, et 70 MHz chacun pour Bouygues Telecom et Free.
Le prix total des 90 MHz acquis par Orange est de 854 millions d'euros, avec un étalement des paiements sur quatre à quinze ans, selon les blocs (350 millions d'euros pour 50 MHz sur quinze ans et 504 millions sur quatre ans pour les 40 MHz restants). SFR obtient ses 80 MHz de fréquences pour un total de 728 millions d'euros (350 millions d'euros pour 50 MHz sur quinze ans et 378 millions d'euros sur quatre ans). Free comme Bouygues Tel ont eu leur 20 MHz supplémentaires pour 252 millions d'euros sur quatre ans, avec un total de 602 millions d'euros pour 70 MHz chacun.
Cette enchère principale sera suivie d'une enchère de positionnement « courant octobre » permettant aux opérateurs de choisir s'ils préfèrent se situer au centre de la bande ou à ses extrémités, plus susceptibles d'interférences avec d'autres services.
« Ce sont des enchères fructueuses. Il faut saluer un engagement très fort des quatre opérateurs qui confirment leur volonté d'investir fortement en France. Il faut le saluer », a déclaré Sébastien Soriano, président de l'Arcep, lors d'un point-presse organisé pour l'occasion au siège d'Ericsson France, à Massy (Essonne).
Appel au dialogue avec les élus
« C'est un chiffre important », s'est félicité Cédric O, secrétaire d'État au numérique, également présent à Ericsson France à Massy, l'un des principaux équipementiers télécoms mondiaux, pour l'annonce du résultat.
La 5G suscite toutefois l'hostilité d'une partie de l'opinion, de responsables politiques et d'ONG, qui remettent en question l'intérêt de cette nouvelle technologie, en invoquant des risques pour la santé ou l'environnement. Au point d'avoir suscité un débat enflammé au sein de la classe politique depuis l'appel à un moratoire de l'attribution des fréquences par près de 70 élus de gauche et écologistes mi-septembre, et la réponse cinglante d'Emmanuel Macron qui avait ironisé sur « le modèle Amish » préféré par les adversaires de la 5G.
« Après un certain nombre d'échanges dans la société », le président de l'Arcep a lancé un « appel au dialogue », affirmant vouloir travailler « main dans la main » avec les élus pour développer le réseau 5G sur tout le territoire. « La 5G est une technologie importante dans le cadre de la stratégie de relance » du gouvernement, a martelé Cédric O, rappelant le retard de la France dans le déploiement de la nouvelle génération de réseau mobile, déjà lancée dans « 30 pays dans le monde », notamment par les grands voisins européens de la France (Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne). La première génération de téléphonie mobile permettait de passer des appels, la 2G d'y ajouter du texte, la 3G de commencer à envoyer des images et la 4G de développer l'internet mobile et les usages vidéo. A terme, la 5G doit offrir des débits plus importants et connecter tout ce qui ne peut l'être actuellement (télé-médecine, internet des objets, voiture autonome, usine 4.0, etc.)