«Retraites, les réformer aujourd'hui pour les garantir demain à nos enfants». Cette initiative, déposée par un certain Xavier B. sur Les Créateurs de possibles, le réseau social de l'UMP, n'a pas fait pas recette. Mise en ligne en avril dernier, elle affichait mardi 15 juin… 26 soutiens. La pétition pour des «transports scolaires gratuits en Pays-de-la-Loire» fédère, elle, 29 internautes. Quant à «réélire Nicolas Sarkozy en 2012», cela mobilise depuis janvier 69 membres!
Annoncé pour le 15 novembre 2009 et lancé en catimini le 7 janvier 2010, le site «d'actions citoyennes» de l'UMP avait l'ambition de faire mieux que Barack Obama, selon le secrétaire général du parti Xavier Bertrand: «Là où Obama avait créé une communauté de supporteurs qui se contentaient d'obéir aux directives venues d'en haut, le Mouvement populaire invente une communauté en ligne qui part des citoyens et de leurs projets pour leur permettre d'agir concrètement.»
Las ! Avec 11 000 inscrits et moins de 2 000 initiatives, le site n'a pas gagné son pari. L'agence Isobar, qui l'a conçu, aurait été convoquée par l'Élysée pour revoir sa copie gratuitement. La facture de 500 000 euros pour le site communautaire et le site du parti (qui, lui, a doublé son audience) semble être mal digérée.
L'échec de ce site n'est pas vraiment une surprise. Dès le départ, son concept est apparu comme une énigme, voire une utopie (lire Stratégies n° 1557 et 1572). Alors que le PS choisissait de manière pragmatique de lancer la Coopol, qui se voulait d'abord un extranet pour organiser le travail militant puis une plate-forme ouverte aux sympathisants, avec l'objectif de roder l'outil Internet en vue de 2012, l'UMP, conseillé par le publicitaire Christophe Lambert, optait pour une autre voie – qui s'avère être une impasse.
«Repartir de zéro»
Le concept des Créateurs de possibles (et son nom même) est ambigu: présenté comme un outil pour favoriser l'action citoyenne locale via le principe de la pétition en ligne, Xavier Bertrand n'a jamais caché vouloir en faire un outil de recrutement pour créer un «grand réseau citoyen des soutiens de Nicolas Sarkozy». Ce qui n'est pas exactement pareil… Faisant le choix d'être ouvert à tous, le site a par ailleurs négligé les militants de l'UMP, aujourd'hui sommés de se mobiliser pour le réanimer.
Pour Arnaud Dassier, concepteur en 2007 du site Les Supporters de Sarkozy, il faudrait «repartir de zéro et créer un réseau social d'actions des militants avec du story-telling les valorisant – comme l'a fait Obama – pour ne plus se contenter d'une logique d'information descendante Pravda/agenda. Et, en vue de 2012, avoir une offre de débat participatif politique qui permettrait de relancer des actions e-marketing de recrutement».
Benoist Apparu, secrétaire national de l'UMP chargé du numérique, considère pour sa part qu'«il est trop tôt pour tirer des conséquences définitives». «Ce réseau souffre d'un défaut d'animation politique au quotidien et d'un défaut d'implication en interne», explique-t-il. Chaque fédération départementale du parti va donc devoir nommer un «e-représentant». «Il nous faut des relais locaux qui animent cette plate-forme», lance Benoist Apparu. Sera-t-il le «community manager» politique dont le site de l'UMP a besoin?