Né il y a cinquante ans sous la plume de Goscinny et Sempé, le petit écolier français est devenu une marque de renommée internationale.

Connaissez-vous Kleine Nick ? Il s'agit de la version allemande du Petit Nicolas, dont les aventures sont publiées en feuilleton dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui remporte un franc succès, tout comme le livre publié en septembre outre-Rhin. En Turquie aussi, Pitircik est un héros, tout comme dans les pays anglophones, où il apparaît sous le nom de Little Nick, et en Espagne, baptisé El Pequeño Nicolas.

Bref, constate Aymar du Chatenet, le fondateur et gérant d'Imav Éditions, fondée en 2004 par le mari d'Anne Goscinny, «Le Petit Nicolas est devenu un classique de la littérature française, mais aussi dans le monde». Avec plus de quatorze millions d'exemplaires vendus dans une trentaine de pays, dont la Pologne, la Grèce, la République tchèque, la Chine, la Russie ou la Corée du Sud, les aventures du petit écolier né en 1959 sous la plume de René Goscinny et de Jean-Jacques Sempé trouvent un indéniable retentissement. Un succès qui prend sa source en France, où chaque nouvel opus relance l'engouement. Les Histoires inédites du Petit Nicolas, publiées en 2004, se sont écoulées à plus d'un million d'exemplaires dans l'Hexagone, et autant à l'étranger. Le troisième volume, paru en mars 2009 à l'occasion du cinquantième anniversaire, s'est déjà écoulé à 650 000 exemplaires en France. Même réussite pour les produits dérivés et pour l'exposition organisée à l'hôtel de ville de Paris, où 150 000 visiteurs se sont rués pendant quatre mois.

«Le Petit Nicolas est une sorte d'icône de la culture française et un emblème», poursuit Aymar du Chatenet, pas peu fier d'avoir contribué à «transformer une propriété dormante en pépite du patrimoine culturel». Le secret ? «Il n'est ni risque-tout ni superhéros, c'est juste un enfant normal, résume Aymar du Chatenet. Son école n'est pas mixte, il n'a pas la télévision et ne joue pas aux jeux vidéo. Son monde est tendre et doux, vu à hauteur d'enfant, si bien que tout le monde peut s'y retrouver et s'y reconnaître.»

Autant de spécificités qui expliquent le succès de la saga, en dépit d'une bande de copains aux prénoms aussi improbables qu'Agnan, Rufus, Clotaire, Eudes ou Alceste, à vue de nez impossibles à traduire. «L'univers et l'humour de Goscinny fonctionnent dans toutes les langues, répond Aymar du Chatenet. En témoigne Astérix, avec son village breton, ses druides et ses noms abracadabrants.»

«Une société idéale»

Autre atout du Petit Nicolas : il est intemporel. « Le monde décrit dans Le Petit Nicolas n'existe pas et n'existait pas plus dans les années 1950, souligne le réalisateur Laurent Tirard. Il n'y est jamais question de chômage et de criminalité, ses parents ne divorcent pas, la société y est stable et tout y est à sa place. C'est une société idéale.» Donc, universellement compréhensible.

Sorti fin septembre en France, le film, doté d'un budget de 22 millions d'euros, avait, mi-décembre 2009, dépassé 5,3 millions d'entrées en France, pour le plus grand bonheur des producteurs Olivier Delbosc et Marc Missonnier (Fidélité Productions). De son côté, Wild Bunch, qui a déboursé pas moins de 9,5 millions d'euros pour les droits internationaux du film, en a consacré 2 millions à sa promotion. Présenté lors du Festival international du film de Dubai début décembre, Le Petit Nicolas comptabilise déjà plus de 200 000 entrées en Belgique, 120 000 en Suisse… Sur les écrans grecs depuis fin décembre, il sera diffusé en Allemagne début février.

Chez M6, Philippe Bony, directeur adjoint des programmes, fait état d'un succès identique du  personnage en version série d'animation. Non contente d'enregistrer des records d'audience sur la chaîne depuis la rentrée (18% de part d'audience sur les 4-10 ans et 21,5% sur les 11-14 ans), la série en 3D coproduite par M6 Studio et la ZDF cartonne à l'export, assure SND, la filiale de distribution internationale du groupe M6. Elle a été prévendue dans une dizaine de pays, dont la Grèce, la Pologne et d'autres d'Amérique latine. Ce petit-là n'a pas encore dix ans, mais déjà un carnet de voyages impressionnant…

 

 

Dates et chiffres clés

29 mars 1959. Première histoire du Petit Nicolas dans Sud-Ouest dimanche.

1960. Parution des premières aventures, chez Denoël.
1977. Décès de René Goscinny.
2004. Découverte d'histoires inédites par Anne Goscinny dans les archives de son père.
30 août 2009. Première diffusion de la série sur M6.
30 septembre 2009. Sortie du film de Laurent Tirard en France.
30. Nombre de traductions dans le monde.
14 millions. Nombre d'albums vendus dans le monde depuis 2004.
5,35 millions. Nombre d'entrées du film en France à mi-décembre.

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