Influence

Ancien steward, Roger Ormières accompagne depuis 2019 plusieurs entrepreneurs-influenceurs français qui ont lancé une activité en parallèle de leur création de contenus. Il explique à Stratégies en quoi consiste son rôle.

Depuis trois ans, vous coachez plusieurs entrepreneurs-influenceurs français. Concrètement, en quoi consiste votre job ?

Je fais du consulting, du coaching et du mentoring. J'accompagne des entrepreneurs, dont des influenceurs et créateurs de contenus ayant d'importantes communautés sur YouTube, Instagram, LinkedIn, TikTok et Snapchat, qui ont développé une activité ; le plus souvent est la création d'une marque. Je les aide à trouver le bon état d'esprit qu'ils doivent adopter pour mener à bien leur projet. Souvent, les influenceurs qui lancent leur propre marque ont tendance à simplement s'appuyer sur le fait qu'ils fédèrent déjà une importante communauté. Or, il ne faut pas simplement miser sur votre communauté, mais aussi sur la durabilité de votre projet.

Comment construire le storytelling de la marque ? Quelle direction artistique va-t-on adopter ? Quelles sont les valeurs et la culture de l'entreprise ? Toutes ces questions vont nourrir et construire le projet de l'influenceur au-delà du simple fait qu'il incarne une marque. Et parfois, ce n'est pas simple à expliquer car ce sont des questions qui ne sont pas forcément évoquées dans le milieu de l'influence. Un autre sujet que j'aborde également souvent, c'est le fait de diversifier ses sources de trafic pour exister en dehors des réseaux sociaux. Je leur recommande de prendre leur rôle d'influenceur comme un métier à part entière.

Justement, sur quels aspects de leur métier êtes-vous le plus attendu ?

Une grande majorité d'entre eux a besoin de se remettre continuellement en question. Les entrepreneurs-influenceurs évoluent dans un écosystème qui peut décoller comme s'effondrer du jour au lendemain, en raison notamment des algorithmes des plateformes. Ils cherchent donc principalement un professionnel qui sache prendre de la hauteur et apporter une vision différente du marketing d'influence. Ils ont également besoin de conseils sur le recrutement de divers profils étant au service de leur création de contenus, des personnes tournant et montant leurs propres stories par exemple. Je leur recommande de ne pas être totalement dépendants de leurs contenus en les incarnant systématiquement.

Mais comment vous différenciez-vous des autres coachs professionnels indépendants ?

Je ne vends aucune formation, je fais de l'accompagnement individuel minimum une fois par semaine en visioconférence. Les influenceurs prennent contact avec moi. La durée de mon accompagnement varie selon le projet, mais dure en moyenne six mois minimum. Mon objectif n'est pas de les accompagner sur une très longue durée. Nous définissons les objectifs ensemble, mais je laisse toujours l'entrepreneur trancher. Il arrive parfois que l'agent ou un membre de l'agence de l'influenceur assiste aux rendez-vous. Ce qui me différencie vraiment des autres coachs professionnels, c'est que je ne cherche pas la lumière pour exister. Sur mes réseaux professionnels, je ne mentionne pas les noms des influenceurs que j'accompagne.

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Comment avez-vous réussi à vous faire une légitimité dans un secteur aussi jeune que celui de l'influence ? 

Je ne suis pas diplômé d'une école de marketing, mais j'ai travaillé avec beaucoup de marketeurs. Cela m'a permis  d'acquérir un bagage factuel et de découvrir divers aspects du secteur, dont le personal branding par exemple. Je n’ai misé que sur des résultats.

Comment pensez-vous que le secteur de l'influence va évoluer d'ici 5/10 ans, en termes de création de contenu notamment ?

Depuis une dizaine d'années, il y a eu une première vague durant laquelle nous sommes passés de la télévision à l'influence. Aujourd'hui, nous passons de l'influence à une nouvelle forme d'influence. Selon moi, l'influence va prendre le pas sur les médias traditionnels, type le groupe TF1 et France Télévisions, en termes de captation d'attention. Chacun se saisira de l'influence à son échelle pour construire un écosystème autour de lui. D'ailleurs, le projet éditorial n'est rarement voire jamais le projet de départ des influenceurs, mais au fil des années, il peut le devenir et déboucher sur un média digital d'information.

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