À 26 ans, Paul Courtaud est le patron de Neobrain, une plateforme de gestion de talents s’appuyant sur l’IA. Pour sa troisième start-up, il table sur sa connaissance de l’évolution des compétences.
On en oublierait presque que Paul Courtaud est né en 1995 et qu’il n’a son bac que depuis neuf ans. Un voyage de noces, ces jours-ci, nous rappelle qu’il est jeune marié et que, décidemment, la vaillance ne se mesure pas au nombre des années. Témoin le parcours hors norme de ce CEO de la plateforme Neobrain, qui a levé 20 millions d’euros en mars et prévoit de doubler la centaine de salariés qu’il emploie à la fin de l’année. Première boîte fondée à 14 ans (Fairlydeal pour agréger des deals comme Groupon tout en reversant 5 % à une cause humanitaire), première start-up cofondée à 16 ans et destinée à trouver un job (Futurness) revendue huit ans plus tard à L’Étudiant. Et entre-temps, HEC Lausanne, Sciences Po et Havard. Pourtant, ce n’est qu’en 2018, avec la création de la « talent marketplace » Neobrain, qu’il considère vraiment avoir créé sa propre affaire. « J’ai compris que les entreprises étaient très bien équipées pour la gestion collective mais qu’elles étaient plus en difficulté sur les compétences individuelles », observe-t-il.
Neobrain ? Paul Courtaud définit sa dernière-née comme un instrument de valorisation des compétences en interne pour le plus grand bien des salariés comme des responsables RH. « On aide à mettre des mots, à formuler ses appétences pour identifier des métiers où s’orienter, des formations, des postes ou des projets. On facilite l’anticipation et on permet en même temps que les salariés restent acteurs de leurs changements ». Parfois, les savoir-faire n’apparaissent pas évidents. Un salarié d’une usine Bosch, à Rodez, est trésorier d’une association de handball. Un autre entraîne l’équipe… Autant d’atouts qui peuvent être mis au service de l’employeur. 86 grandes entreprises sont désormais sous licence chez Neobrain pour identifier les 10 ou 15 compétences de leurs salariés. « On a intérêt à trouver des talents en interne en situation de pénurie », rappelle-t-il.
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Mais alors que Paul Courtaud vient d’ouvrir un bureau en Allemagne et de lancer son accélérateur de start-up (« The factory by Neobrain ») afin de tisser des liens au sein de l’écosystème des HRTech, sa grande force réside dans sa capacité d’anticipation. L’homme, qui a triomphé d’un cancer précoce, se dit capable de prévoir d’ici à deux à trois ans les tendances mondiales du recrutement grâce à une IA qui scanne 54 millions d’offres dans une cinquantaine de pays. La vigie peut s’exercer par pays avec, par exemple, un technicien de maintenance qui migre de la pharmacie à l’automobile au Brésil. Ou par secteur : le pilotage d’équipe par la performance plus que par la compétence, l’effacement du content manager au profit d’une expertise par canal (TikTok…), etc.
Pour lui, l’objectif n’est pas tant de reproduire ce qui est fait ailleurs que de repérer les signaux faibles qui rendront les entreprises plus compétitives dans leur gestion RH. De quoi voir les compétences qui émergent et celles qui disparaissent. « L’enjeu est de prévoir quand elles seront obsolètes, les risques sur tel métier… », ajoute-t-il. Pour mieux se débarrasser des salariés moins utiles ? « Pour mieux accompagner les gens et éviter les ruptures », répond-il du tac-au-tac. Le sens du deal et le fair en bonus.
1995. Naissance le 22 novembre.
2012-2019. Directeur digital et associé de CA RH.
2013. Crée FairlyDeal qu’il revend à L’Étudiant huit ans plus tard.
2014-2019. New York University, HC Lausanne, Sciences Po Paris.
2017. Fonde Neobrain en décembre.
2019-2022. Master à Havard University.