Alors que la French Tech a battu des records de levées de fonds en 2021 avec 11,6 milliards d’euros investis et 26 licornes à son actif, le Boston Consulting Group et le collectif Sista publient la troisième édition de leur baromètre de référence sur les conditions d'accès au financement des femmes dirigeantes de start-up.
La tendance est claire, indéniable. Selon la troisième édition du baromètre Sista x BCG sur les conditions d'accès au financement des femmes dirigeantes de start-up, la diversité de genre progresse au sein des équipes de fondation, et les équipes mixtes sont celles qui lèvent le plus facilement des fonds.
Depuis 2019, les femmes sont de mieux en mieux représentées parmi les fondateurs de start-up en France. La diversité de genre au sein des équipes fondatrices a ainsi progressé de 9 points par rapport à la période 2008-2019. 24% des start-ups fondée en 2021 comptent au moins une femme dans leur équipe fondatrice.
A ce rythme, la parité sera atteinte en 2055, soit 35 ans plus tôt que ce que projetaient les chiffres du baromètre 2019.
Par ailleurs, le nombre de fondateurs choisissant de s’associer à une femme au moment de créer une startup a doublé depuis la signature de la «Charte Sista» (18% en 2021 contre 9 sur la période 2008-2019).
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Cette mixité des équipes reste toutefois majoritairement tirée par les fondatrices : 70% d’entre elles décident d’entreprendre en équipe mixte (+7 points vs 2019), contre un fondateur sur cinq.
«Le message extrêmement positif de ce baromètre est autour des équipes mixtes : les équipes fondatrices mixtes sont largement plébiscitées lors des premiers tours de financement. En effet, elles ont 1,4 fois plus de chance que les équipes 100% masculines de trouver un premier financement et lèvent en moyenne entre 0,4 et 0,8 million d’euros de plus que les équipes exclusivement masculines sur les deux premiers tours de financement», se réjouit Tatiana Jama, co-fondatrice et co-présidente de Sista.
Cependant, tous tours confondus, les équipes 100% masculines lèvent quatre millions d’euros de plus que les équipes comprenant au moins une femme (entre 2008 et 2019, ce delta n’était que d’un million). Les levées importantes des tours élevés ne comportent toujours que peu d’équipes mixtes. En 2021, 88% des fonds levés le sont par des équipes 100% masculines (contre 90 % en 2019).
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Malgré la progression de la mixité dans les équipes fondatrices, les iniquités profondes au sein de l’écosystème ne sont pas encore levées : en 2021, un homme lève 1,6 fois plus de fonds et une femme 3,4 fois plus en s'alliant avec un homme plutôt qu'avec une femme.
Les équipes 100% féminines disparaissent quant à elles après les premiers tours de financement : aucune levée de fonds au-dessus de 50 millions d’euros n’a été effectuée par une équipe 100 % féminine en 2021. Elles sont de manière générale 4,3 fois moins bien financées que les équipes masculines. Une tendance qui s’aggrave depuis 2019 où l’écart n’était que de 2,4.
«On observe une évolution encourageante du paysage depuis trois ans sous l’impulsion notamment de la «Charte Sista». Avoir une femme dans son équipe est maintenant un atout pour lever des fonds. Cependant, le chemin reste encore long et la révolution culturelle de l’écosystème n’est pas finie. En effet, les biais profonds demeurent : aucune startup 100% féminine n’a levé à ce jour plus de 50 millions d’euros», indique Jessica Apotheker, directrice associée au Boston Consulting Group.